Les signes avant-coureurs d'une pénurie de produits de première nécessité ne semblent pas inquiéter un gouvernement qui, même s'il est présent physiquement, semble en vacances. La vedette volée par la pomme de terre aux autres produits alimentaires n'est que l'arbre qui cache la forêt : il y a une augmentation généralisée des prix des fruits et légumes. Et le Ramadhan, connu pour ses effets inflationnistes sur la nourriture, n'est pas encore là. L'onde de choc de la pénurie de lait due à des circonstances internationales n'a pas encore eu tous ses effets. En une année, le prix de la poudre de lait a presque doublé ! En 2005, Barkat disait : “L'Algérie produira trois milliards de litres en 2006 ; nous gagnerons la bataille du lait.” En 2007, malgré les subventions à la production à la collecte et à la transformation, malgré le PNDA, il faut toujours importer l'équivalent en poudre de 1,2 milliard de litres pour satisfaire les besoins nationaux. Le blé n'est pas en reste. La pénurie mondiale nous touche particulièrement, puisque l'Algérie importe quelque 70% de ses besoins en céréales. Il paraît que la situation évoluera d'ici… 2013. Du moins, c'est ce qu'a déclaré Belkhadem devant l'UNPA. En attendant, cela fait trop longtemps que la sous-production céréalière met le pays dans une position d'inconfortable dépendance alimentaire. On apprend que les boulangers ont demandé à être reçus par le ministre du Commerce, sûrement pas pour solliciter une baisse du prix du pain. Et comme pour ajouter à la menace, Chakib Khelil nous avertit d'un risque d'insuffisance de mazout et que “nous allons essayer de changer les prix relatifs du gas-oil par rapport aux autres carburants”. Le contexte n'est pas le meilleur vu que le gas-oil contribue au coût de production et de transport des produits agricoles. L'argument écologique est, certes, déterminant, mais il exigeait justement une orientation planifiée de la consommation. On ne facilite pas, pendant des années, l'acquisition de véhicules à gas-oil, pour leur couper subitement le carburant. Au demeurant, si les carburants viennent à manquer, c'est probablement un problème de choix industriels. Alger, la plus grande région consommatrice d'énergie voit sa petite raffinerie tomber en obsolescence et son projet de nouvelle raffinerie de substitution “émigrer” à Tiaret. Ce n'est peut-être pas tout à fait la pénurie, mais le risque inflationniste semble réel. Si l'Etat a de quoi importer, il n'est pas certain que le citoyen aura toujours de quoi payer. Il est, aussi, vrai que le contexte international nous est défavorable, surtout eu égard à notre modèle de consommation, étrangement structuré autour de matières insuffisamment produites par notre économie. Mais le déséquilibre dure depuis bien longtemps. Les “industries industrialisantes” ont déstructuré le rapport offre-demande ; la “relance” semble avoir aggravé le déséquilibre. L'imprévoyance se présente parfois sous la forme de plans. Et c'est dans ce contexte hasardeux qu'on nous propose, en guise de “nourritures terrestres”, d'avaler les écrits de vacances de Belaïd Abdeslam. M. H. [email protected]