Après trois mois d'une bataille meurtrière, les combats s'éternisent dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al Bared, dans le nord du Liban, où l'armée libanaise tente de vaincre la résistance inattendue des islamistes du Fatah al Islam. Le camp est réduit en cendres mais les insurgés tiennent toujours. Depuis quelques jours, des raids par hélicoptères tentent de percer les bunkers souterrains où sont retranchés les derniers islamistes, 70 environ selon Beyrouth. Les bombardements avec les chars ne suffisent plus, avouent les chefs de l'armée libanaise qui se plaignent de manquer “cruellement” de moyens, notamment aériens. Ils ont dû adapter pour leurs hélicoptères des bombes de 250 kilos en principe utilisées pour des avions de combat. À terre, les commandos d'élite avancent péniblement, mètre par mètre, les ruines bourrées d'explosifs. Trois mois après le début des combats le 20 mai, la bataille s'est enlisée dans une interminable guerre d'usure et l'armée, qui a engagé des milliers d'hommes dans l'opération, se refuse aujourd'hui à tout pronostic. Après le départ des 31 000 réfugiés palestiniens de Nahr al Bared, les islamistes se sont repliés dans un enchevêtrement presque impénétrable de ruines et de ruelles minuscules, terrés dans des souterrains, gardant avec eux femmes et enfants, au nombre d'une centaine. “C'est une organisation bien entraînée, disposant d'armes sophistiquées, y compris des armes lourdes, rompue au maniement des explosifs”, a reconnu le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Michel Sleimane. Le Fatah al Islam, un groupe sunnite radical, compte des combattants palestiniens, libanais et étrangers, dont des anciens du djihad en Irak, et reconnaît des liens idéologiques avec Al Qaïda. D. B.