Matinée tumultueuse, hier au centre-ville de Mostaganem, momentanément paralysé par une grande manifestation de jeunes. Des jeunes descendus protester contre “la léthargie et le laxisme dont font preuve les services compétents” quant à la recherche de neuf jeunes des différents quartiers de la ville, portés disparus en mer depuis une semaine. Les manifestants en colère venaient d'assister à l'enterrement de l'un des compagnons des disparus dont le cadavre a été repêché en mer par un bateau de passage, quand ils décidèrent de déferler, subitement et spontanément, à l'issue de l'oraison funèbre, vers le centre-ville. Outre le repêchage de la dépouille mortelle, le bateau battant pavillon hollandais avait également secouru deux autres infortunés et malheureux rescapés qui faisaient partie du groupe de douze éléments ayant initialement mis le cap sur l'Espagne. Un groupe composé de jeunes des différents quartiers de la ville, notamment de la cité d'El-Arsa dont au moins sept disparus, y compris le défunt, seraient originaires. Ils auraient pris le large, au lendemain des récentes intempéries, à partir de la plage d'Ouréah, à une dizaine de kilomètres à l'ouest de la ville de Mostaganem. Criant au laxisme et à l'indifférence des services compétents, la foule de manifestants, constitués de parents, proches, amis, camarades et autres voisins de quartiers des victimes de l'aventure à hauts risques, réclamait l'intensification des recherches en vue de retrouver les disparus dont l'espoir de les retrouver vivants semble s'atténuer fatalement. Depuis l'été dernier, la côte mostaganémoise s'est érigée en véritable plaque tournante du phénomène de l'émigration clandestine vers l'Eldorado” européen. Outre les jeunes autochtones, désormais hantés par une irrésistible obsession de la traversée transméditerranéenne, des dizaines de prétendants viennent y tenter leur chance à l'embarquement. Il n'y a guère une semaine où l'on ne signale point de départ ayant réussi, de tentatives avortées in extremis par les services de la Gendarmerie nationale, d'échouage d'embarcations trahies par une panne imprévue, de repêchage de cadavres ou de sauvetage salutaire en mer. Rien ne semble persuader ni retenir la foule de jeunes. Le phénomène de harragas taraude les esprits au point de se prêter comme source d'inspiration pour les graffitistes ! C'est dire à quel niveau la situation demeure grave et éminemment préoccupante ! M. O. T.