Après les échecs des tentatives de médiations venues du Burkina-Faso et de la Libye, que Niamey accuse, même à demi-mot, de soutenir le MNJ, c'est désormais l'Union africaine qui aurait décidé d'intervenir. L'hebdomadaire Jeune Afrique révèle, en effet, que l'ancien colonel mauritanien Mohamed Ely Ould Vall, qui a rétabli la démocratie dans son pays, a été chargé par l'UA de mener une médiation entre Niamey et les rebelles. Sa tâche ne sera pas de tout repos d'autant que le principal grief de la rébellion s'est vu consolider par la signature d'un accord avec le groupe nucléaire français Areva accusé par les dissidents touaregs de tous les maux qui affectent cette région du nord du Niger, frontalière de l'Algérie. Le nouvel accord avec le gouvernement nigérien, a annoncé Areva, porte sur la revalorisation du prix d'achat de l'uranium produit par deux mines du nord du pays et la concession d'un nouveau gisement, qui constituera, selon le groupe français, le plus grand projet industriel minier jamais envisagé au Niger. Ces accords mettent un terme à des mois de tensions entre Niamey et le groupe nucléaire, dont le point d'orgue avait été l'expulsion, l'été dernier, du représentant d'Areva au Niger. Sarkozy, qui a fait de la vente de centrales nucléaires au Maroc, à l'Algérie, à la Libye, à la Chine, à l'Egypte et aux Emirats arabes unis, la force de frappe de son commerce extérieur, a certainement dû peser de tout le poids de la France pour revenir dans les bonnes grâces de Mamadou Tandja, un partenaire incontournable, puisque plus de 40% de l'uranium acheté par Areva provient de ce pays. Areva va investir plus d'un milliard d'euros et créer 1 400 emplois et surtout placer le Niger au deuxième rang mondial avec une production de 5 000 tonnes d'uranium par an. Le président nigérien s'est cependant donné une marge de manœuvre puisque l'accord est pour deux années. Le prix de la livre d'oxyde d'uranium, qui est déjà passé de 22 à 40 dollars, va s'envoler avec l'arrivée massive de centrales nucléaires dans le monde. Mais, depuis 2007, la région d'Agadez, dans le nord du Niger, où se situent les principales richesses du pays, est le théâtre d'une rébellion touareg. Officiellement pour le pouvoir, il ne s'agit que de “bandits armés”. Ce que réfute la rébellion qui accuse ce dernier de prédation, leur région étant restée misérable. En outre, la rébellion insiste sur les dangers occasionnés aux salariés et aux riverains des mines, accusant Areva. Ce qui a été confirmé par de nombreux experts. Au Niger, comme au Gabon, le bilan humain et environnemental des mines d'uranium exploitées par Areva est très sévère, selon les conclusions de la mission effectuée sur place par Sherpa, une association française présidée par Jean-Pierre Getti, président de cour d'assises à Paris, Médecins du Monde et la CRII-RAD. Les tests effectués sur la radioactivité dans ses pays révèlent des taux d'exposition des employés 40 fois supérieurs aux normes fixées par l'OMS. Par ailleurs, l'enquête révèle que la protection des travailleurs n'était pas correctement assurée, ils sont exposés à des poussières radiotoxiques sans port de masque ni équipement de sécurité, a confirmé Moustafa Lhacen, président de l'association Aghir N'man, association nigérienne de protection de l'environnement. Au Niger, la démocratie est une réalité, du moins la liberté de la presse. De nombreux titres, le Républicain, le Canard déchaîné, Libération ou encore Aïr Info, usent largement de cette liberté, sans ménagement pour le pouvoir et en particulier pour la personne du président Mamadou Tandja. Mais si le pouvoir se montre relativement tolérant, il y a toutefois un sujet tabou à propos duquel il est très difficile d'informer librement au Niger : la rébellion touareg. Un sujet qui a conduit à l'arrestation de journalistes dans l'exercice de leurs fonctions. Après les premiers mouvements du Mouvement nigérien pour la justice (MNJ) en février 2007, la région d'Agadez a rapidement été décrétée zone interdite par les autorités. Il est ainsi strictement interdit aux journalistes de se rendre sur place. Résurgence de la révolte touareg des années 1990, le MNJ, qui réclame que les populations civiles de la région d'Agadez tirent un meilleur bénéfice des richesses de la région, aurait fait usage de mines, selon Human Rights Watch, qui auraient tué des militaires et des civils. Au total, 80 personnes auraient trouvé la mort. En représailles, les autorités nigériennes se seraient montrées tout aussi brutales. Amnesty International évoque des exécutions sommaires de plusieurs dizaines de civils. Autant dire que cette région se transforme, jour après jour, en une véritable poudrière, au point que les voisins du Niger s'inquiètent de la tournure des événements. D. Bouatta