Le Conseil de sécurité des Nations unies a commencé vendredi dernier à discuter d'un projet de résolution américain visant à lever les sanctions contre l'Irak et à donner aux forces d'occupation le contrôle de l'économie irakienne pendant un an. L'Irak dispose des deuxièmes réserves mondiales de pétrole et des membres du Conseil comme la France ou la Russie, qui se sont opposées à la guerre, devraient contester certaines dispositions du projet. Lors d'une concession de dernière minute à ces deux Etats, le projet “appelle toutes les parties concernées à se conformer complètement à leurs obligations découlant du droit international, notamment des conventions de Genève de 1949”. “Je pense que le conseil est satisfait de voir que nous (...) reconnaissons être la puissance occupante”, a déclaré l'ambassadeur britannique à l'Onu, Jeremy Greenstock. Lors d'une visite en Pologne, le président français Jacques Chirac a réagi en affirmant que l'Onu devait jouer “un rôle central” dans la reconstruction de l'Irak et promis que Paris aborderait les discussions “dans un esprit à la fois ouvert et constructif”. “L'objectif est la reconstruction économique et politique de l'Irak et la restauration aussi rapide que possible de sa pleine souveraineté.” “Nous restons convaincus que pour atteindre cet objectif et répondre aux aspirations du peuple irakien, et c'est l'avis de l'immense majorité des Nations et des peuples du monde, les Nations unies doivent jouer un rôle central”, a-t-il dit. Même si le projet de résolution affirme que l'Onu “devrait jouer un rôle vital pour fournir une aide humanitaire, soutenir la reconstruction de l'Irak et aider à la formation d'une autorité intérimaire irakienne”, il affirme clairement que les forces d'occupation décideront comment dépenser les revenus pétroliers irakiens jusqu'à l'établissement d'un gouvernement irakien. L'une des seules responsabilités confiées à l'Onu consiste pour le secrétaire général Kofi Annan à nommer un représentant, chargé notamment de s'assurer que le pétrole irakien sera vendu au prix du marché. Paris pense que “le rôle du coordinateur de l'Onu devrait être renforcé, en particulier dans le domaine politique”, a déclaré l'ambassadeur français à l'Onu, Jean-Marc de La Sablière, à l'issue des discussions du conseil. Le secrétaire général de l'Onu Kofi Annan et les 15 membres du conseil passent le week-end à Long Island, à l'est de New York pour des discussions sur l'Irak et la "feuille de route" visant à résoudre le conflit israélo-palestinien. Les Etats-Unis veulent voir la résolution sur l'Irak adoptée d'ici le 3 juin au plus tard. Dans le projet, “il y a plusieurs questions techniques et légales, et la discussion pourrait prendre du temps”, a toutefois noté M. de La Sablière. Son homologue allemand, Gunter Pleuger, a lui aussi jugé que le texte “contenait des questions légales très difficiles et compliquées... et nous avons certainement besoin de temps pour les résoudre”. Les premières discussions se sont déroulées dans “une atmosphère constructive”, a rapporté Jeremy Greenstock. Un autre message de Saddam Le président irakien déchu, Saddam Hussein, aurait exhorté les Irakiens à faire des mosquées des centres de résistance et fustigé les voisins de l'Irak, dans un message manuscrit qui lui est attribué et qu'a publié samedi dernier le quotidien Al-Qods Al-Arabi. "Je vous appelle, les enfants d'Irak, à faire des mosquées un centre de résistance et à faire triompher la religion, l'Islam et la patrie, et à faire comprendre à l'ennemi, par des faits, que vous le détestez", lit-on dans le texte du message manuscrit publié par le journal édité à Londres. Ce texte est daté du 7 mai et signé de la main de Saddam Hussein, selon le journal. Il s'agit du deuxième message du genre à paraître sur Al-Qods Al-Arabi depuis celui publié le 30 avril par ce même journal et qui appelle les Irakiens à résister à l'armée américaine. Le 7 mai, un journal australien, Sydney Morning Herald, avait annoncé avoir obtenu un enregistrement audio attribué à Saddam Hussein et dans lequel ce dernier appelle le peuple irakien, "Arabes et Kurdes, sunnites et chiites, musulmans et chrétiens", à s'unir dans la résistance contre les forces d'occupation.