Le nouveau système en matière d'attribution d'assiettes de terrain pour la réalisation de projets industriels est loin de régler le problème du foncier en Algérie, estiment les opérateurs. Le Forum des chefs d'entreprise estime que le dispositif ne règle pas le problème du foncier s'il doit conduire, avec l'introduction du mode des enchères publiques, à la cession ou à la concession des assiettes foncières au prix le plus élevé. C'est du moins ce qui ressort de la rencontre-débat avec la directrice générale de l'Aniref, Mme Mokraoui, organisée, hier, par le Forum des chefs d'entreprise à l'hôtel Hilton (Alger). Le président des chefs d'entreprise, en lisant les textes organisant l'Aniref, déplore la conception même de l'agence qui repose sur la gestion des stocks. “Il est préférable de raisonner en flux”, souligne M. Hamiani, précisant qu'“un stock aussi important soit-il s'épuise”. Le président du FCE insiste sur la nécessité d'augmenter l'offre du foncier pour qu'elle devienne excédentaire. M. Hamiani explique que le problème du foncier en Algérie est le résultat du différentiel du prix, qui constitue pour beaucoup une rente de situation. Le Forum des chefs d'entreprise a toujours été opposé à la vente aux enchères. Cette position a été réitérée, hier encore, par M. Hamiani. Le président du Forum des chefs d'entreprise reconnaît que ce mode opératoire consacre la transparence. Seulement, estime M. Hamiani, “dans un monde spéculatif comme le nôtre, ce sont les puissances d'argent qui vont acquérir ce bien en première main, au détriment du véritable investisseur”. Le président-directeur général du groupe Cevital regrette la manière avec laquelle le foncier a été géré. “On gère la pénurie au lieu de gérer l'abondance, alors que nous avons un très grand pays. En principe, il n'y a aucun problème du foncier en Algérie”, affirme M. Rebrab, précisant que “s'il y avait plus d'offre que de demande, il n'y aurait pas de spéculation”. “C'est l'Etat qui crée la spéculation. C'est l'Etat qui fait que les prix du foncier sont aujourd'hui les plus élevés au niveau de la Méditerranée”, explique le patron de Cevital, confronté au problème du foncier pour la réalisation de plusieurs projets d'investissement à forte valeur ajoutée pour le pays. “Pourquoi nous ne regardons pas comment font les autres pays à travers le monde ?” s'est-t-il interrogé. “Nous constatons que l'Etat veut tirer des ressources en vendant des terrains, alors qu'en principe, le souci de l'Etat doit être le développement économique. Tant que nous n'avons pas compris ce principe, nous continuerons à patauger, malheureusement”, regrette M. Rebrab, soulignant que l'Etat, à travers la fiscalité (TVA, TAP, DD, IBS…) est le principal actionnaire des entreprises privées. 54% des créations de richesses d'une entreprise sont versées au budget de l'Etat. “Les solutions existent, regardons uniquement comment cette question est gérée à travers le monde”, insiste le patron de Cevital. Le président du Forum des chefs d'entreprise affirme qu'en Algérie, le prix du foncier représente 20 à 30% du coût de l'investissement. Dans certains pays, il ne dépasse pas les 10%. Mme Mokraoui, qui a déjà exercé au sein de l'Andi, à Blida, laisse entendre que le problème du foncier industriel en Algérie ne se pose pas en termes de disponibilités. 675 actifs résiduels ont été recensés, dont 53 terrains nus, d'une superficie globale de plus de 58,5 hectares et 622 autres (des actifs en logements, en hangars…) d'une superficie totale construite de 165 hectares. Les terrains excédentaires représentent 181 lots d'une superficie totale de 783 hectares. Les disponibilités au niveau de 66 zones industrielles représentent 1 120 lots, soit au total 784 hectares. Le directeur du foncier au niveau du MIPI affirme que le gel de création des zones industrielles et d'activités depuis 1999 a engendré un manque de production du foncier. “La production du foncier va être relancée prochainement”, annonce-t-il. Mais au-delà de la disponibilité et du prix du foncier, le dispositif met le wali au centre de toutes les procédures. C'est lui qui décide de tout au niveau de sa wilaya. Du coup, les intervenants ont exprimé des craintes de voir cette gestion administrative compliquer d'avantage le processus d'accession au foncier industriel. L'Aniref, dont la création est saluée pour l'ensemble des opérateurs économiques, n'est aujourd'hui qu'un intermédiaire. L'agence ne fait que gérer le foncier pour le compte, entre autres, des domaines et des URBA (organismes aménageurs au niveau des zones industrielles). Et, semble-t-il, l'Aniref a toutes les peines du monde pour signer une convention avec les URBA, alors qu'avec les domaines, la signature est prévue dans quelques jours. L'Aniref est appelée à devenir l'interlocuteur privilégié à même d'assister et accompagner les investisseurs potentiels qui souhaitent acquérir un bien foncier ou immobilier nécessaire à la réalisation de leurs projets. Depuis sa création, cette agence a développé un site Internet et une banque de données accessible à tout investisseur. L'Agence en 5 mois a mis en ligne 240 actifs, sur 2 500 actifs recensés, que l'investisseur peut consulter à tout moment et accéder à toutes les informations. L'agence lancera à la fin du mois encore la première vente aux enchères des 11 actifs au niveau de la wilaya de Blida, a annoncé cette agence dans un communiqué rendu public. Mais au-delà du stock existant, les opérateurs économiques plaident pour que l'Etat mette plus d'assiettes de terrain sur le marché, à travers la réalisation de zones industrielles sur l'axe autoroutier Est-Ouest. Il faudrait prendre en compte aussi la nature de certains investissements dont la compétitivité dépend de la proximité des infrastructures portuaires. Meziane Rabhi