Manquant terriblement d'expérience à ce stade de la compétition, les deux représentants algériens n'ont pu soutenir la comparaison avec des athlètes rompus aux courses de haut niveau, à l'image du vainqueur, le Kenyan Bungei. On attendait beaucoup d'eux. Mais c'était trop demander, car pour gagner une telle compétition, il faut une bonne préparation et une expérience adéquate. Ce n'était le cas d'aucun des deux athlètes algériens. Nabil Madi a terminé à la septième place en 1'45''96, suivi en huitième position par Nadjim Manseur en 1'47''19. Le Kenyan, Wilfred Bungei, a imposé son rythme à la course, qu'il a remportée en 1'44''65, devant le Soudanais, Ismaïl Ismaïl Ahmed, 1'44''70, et son compatriote Yego Alfred Kirwa, 1'44''82. à aucun moment de la course, Madi et Manseur ne donnaient l'impression de maîtriser leur sujet. Avant d'entamer la dernière ligne droite, ils se sont même gênés, ce qui a dû ralentir leur élan de course. Tout indique que chacun a couru pour soi. Il n'y a pas eu de course tactique, comme cela était souhaité. Ayant des entraîneurs différents, il relevait de l'impossible que les deux athlètes puissent s'entendre sur une course tactique. Madi est entraîné par le Français d'origine marocaine, Idrissi Hassen, alors que le coach de Manseur n'est autre que Amar Brahmia. La manière avec laquelle chacun d'eux menait sa course laisse penser qu'il n'y a pas eu d'entente préalable. Leur présence en finale peut être considérée comme un véritable exploit. En effet, ils n'ont pas eu les moyens nécessaires pour espérer rivaliser avec les meilleures de la distance. Ainsi, on apprend que Nabil Madi n'a eu droit qu'à un seul stage de la part de la Fédération algérienne d'athlétisme pour préparer les jeux Olympiques. Pis, alors qu'il avait le minima A du 800 m, il s'est essayé au 1 500 m où il a réussi également le minima A. C'est dire que la FAA ne s'est pas beaucoup souciée de sa préparation. Plus grave, il aurait confié à ses proches qu'il a emprunté de l'argent pour terminer sa préparation, notamment en période précompétitive, en juin et juillet, car la fédération ne lui a pas accordé ses demandes de stages. Il s'est donc endetté pour être au top à ces jeux. Quant à Nadjim Manseur, il ne doit sa présence à ces jeux qu'à sa volonté et aux conseils de son entourage, particulièrement sa famille et son entraîneur. Figurez-vous qu'à l'occasion des derniers jeux africains d'Alger en juillet 2007, Manseur n'aurait même pas eu droit à son argent de poche, comme tous les autres athlètes. Ce genre de chose sape le moral d'un sportif. Heureusement que Nadjim Manseur est doté d'une grande force de caractère, qui lui a permis de surmonter ces épreuves et de persévérer dans le travail. Un autre aurait probablement abandonné, mais lui, il s'est accroché et sa présence à Pékin démontre qu'il est doté d'une grande volonté et qu'il faut le prendre en charge rapidement, car les prochains jeux Olympiques ne sont pas si loin qu'on ne le pense.