Les Ouled Antar dépendaient autrefois du bey d'Oran. Cette tribu habite un pays difficile, sur les versants nord des montagnes qui forment la seconde chaîne de l'Atlas et séparent le Tell du Sahel. La population, qui ne dépasse pas 250 hommes en état de porter les armes, et 500 femmes, enfants et vieillards, a toujours été remuante et indocile. Pendant la domination turque, c'était le chef de la puissante tribu des Ouled Aïad, au sud de Thenïet-El-Ahd, qui était chargé, au nom du bey de la province d'Oran, de maintenir les Ouled Antar dans le devoir et leur faire payer les redevances. Ils ont 120 gourbis établis dans les parties les moins accessibles de leur territoire ; ils cultivent les céréales de manière à suffire à leur consommation, possèdent quelques jardins, et récoltent des fruits et des légumes. Ils ont un marché le jeudi. Ouled Douaba, Ouled Abéïd, El-Mâziz, El-Dahbich, Ouled Séil, Ahl el-Guessa, Ouled Zekri, Zïatin, Ouled Sy Ali, Marabouts El-Bahadja, Marabouts. Les Ouled Antar ont la prétention, un peu hasardée, d'être les descendants d'Antar, le héros d'un des plus célèbre poème arabe ; toute la fable du poème, jusque dans ses moindres détails, est à l'état de tradition. Ils ont adapté chaque événement aux localités qu'ils habitent. Ils montrent les champs de bataille de leur héros et racontent qu'il fut tué au dernier gué du Chélif, que l'on traverse pour pénétrer dans l'Ouamri. Bien que montagnards, les Ouled Antar repoussent la qualification de Kabyles. La ferme de Boghar, qui a été transformée par Mohamed El-Berkani en un établissement militaire, est située sur leur territoire. Ce poste contenait des magasins, une manutention, des fours et des casernes pour quelques centaines d'hommes ; il était armé de canons, sans être fermé par des murailles. On voit à proximité de ces établissements une très belle forêt de chênes et de pins qui fournit du bois de construction. Lorsque les troupes françaises ont pris possession de ce point, on y a trouvé de grands approvisionnements de chaux. Un petit village arabe s'était formé auprès de la fontaine de Boghar, non loin des bâtiments militaires. Une route directe, à travers le pays des Beni Hassan et des Haouara, conduit en 8 heures de Boghar à Médéa ; la distance est de 12 lieues, mais continuellement dans les montagnes et à travers les bois. L'établissement de ce poste a forcé les Oued Antar à la tranquillité. L'émir Abdelkader avait fait creuser à Boghar de vastes silos dans lesquels les tribus déposaient les grains de l'achoura ; il y trouvait des approvisionnements faciles pour les expéditions dirigées contre les tribus nomades.