Dans le cadre de la tenue du Feliv, les éditions Casbah, ont réédité le roman à succès de l'écrivaine Taous Amrouche Rue des Tambourins. Ce livre de 335 pages, captivant à plus d'un titre, revient sur l'autobiographie de l'auteure Taos Amrouche. Ces dernières sont le premier romancier moderne algérien de langue française. Son premier roman, Jacinthe noire, est publié en 1947. Son œuvre littéraire, au style très vif, est largement inspirée de la culture orale dont elle est imprégnée et de son expérience de femme. En signe de reconnaissance envers sa mère, qui lui a légué tant de chansons, contes et éléments du patrimoine oral, elle signe Marguerite-Taos le recueil Le Grain magique, en joignant à son prénom sous lequel sa mère avait reçu le baptême catholique. Parallèlement à sa carrière littéraire, elle interprète de très nombreux chants amazigh, qu'elle tient de sa mère. Ces textes sont par ailleurs traduits par son frère Jean. Douée d'une voix exceptionnelle, elle se produit à de nombreuses scènes, comme au Festival des Arts Nègres de Dakar en 1966. Seule l'Algérie lui refuse les honneurs : elle n'est pas invitée au Festival culturel panafricain d'Alger en 1969. Elle s'y rend tout de même pour chanter devant les étudiants d'Alger.Taos Amrouche a participé à la fondation de l'Académie berbère de Paris en 1966. Elle fut l'épouse du peintre francais André Bourdil, Prix Abd-el-Tif 1942. Ainsi dans Rue des Tambourins, Taos Amrouche raconte avec des mots simples son tiraillement entre les deux cultures dans lesquelles, elle a baigné. Sa mère était, rappelons-le catholique. «Je garde le souvenir d'un sommeil déchiré de loin en loin, par les sifflements du train dans la nuit. Depuis, où que je sois, dès qu'un train siffle, la nuit, je sens comme un fin poignard fendre mon âme, et ce sont les petites gares d'Afrique du Nord qui surgissent illuminées, avec leurs grands eucalyptus, leurs faux poivriers et leurs bouquets de géranium, ces petites gares désertes, trop neuves et trop blanches sous le ciel vide. Nous étions dix, en nous comptant tous. Et la grappe que nous formions n'avait jamais tant frappé par sa lourdeur et le serré de ses grains», lit-on en quatrième de couverture. A travers la voix de Marie Corail, Kouka pour les intimes, le lecteur découvre la petite enfance et l'univers mouvementé et bruyant d'une famille en exil volontaire en Tunisie, loin de la Kabylie natale. L'enfance et l'adolescence sont revisitées avec un grand intérêt. L'adolescente se met à rechercher ses racines. La famille vit au niveau de la Rue des tambourins à Tunis entre 1918 à 1925. Elle tente de retrouver sa véritable identité. Lors de séjours en Kabylie avec sa famille durant les vacances, Marie-Corail ne comprend plus les coutumes traditionnelles de ses ancêtres. Elle se sent déracinée et étrangère à la fois. Cette incompréhension est telle que Marie Corail, en découvrant l'amour, ne saura pas faire le choix entre les deux hommes qu'elle aime au plus profond d'elle-même.