L'armée, les rebelles syriens et le Hezbollah libanais ont conclu une trêve de 48 heures dans trois localités de l'ouest de la Syrie qui a pris effet hier matin à 6h00 (3h00 GMT), apprend-on de sources proches des négociations et auprès du Hezbollah. L'accord fait suite à une médiation sans précédent menée depuis un mois par la Turquie et l'Iran, dont le chef de la diplomatie, Mohammad Javad Zarif, était mardi à Beyrouth et était attendu hier mercredi à Damas. Il concerne la ville de Zabadani, à 45 km au nord-ouest de Damas et une dizaine de kilomètres de la frontière avec le Liban, cible depuis début juillet d'une offensive de l'armée gouvernementale et de son allié le Hezbollah chiite libanais, ainsi que Kefraya et Al Foua, deux localités chiites situées plus au nord, dans la province d'Idlib, et assiégées par la rébellion. Selon trois sources proches du régime de Damas, la trêve est le produit d'une médiation menée par l'Iran, allié vital du régime de Bachar al Assad, et la Turquie, qui soutient une partie de la rébellion. Quoique limitée, elle est à ce jour l'un des signes les plus forts des initiatives diplomatiques régionales en cours pour tenter de trouver une issue à la guerre civile en Syrie, qui a fait 250 000 morts et dix millions de réfugiés et de personnes déplacées. Après quatre années au cours desquelles la diplomatie internationale n'a fait aucun progrès significatif, des pays alliés soit à Assad, soit aux insurgés multiplient les contacts. La diplomatie iranienne, pleinement revenue dans le jeu après l'accord sur le nucléaire iranien conclu le 14 juillet, a annoncé la semaine dernière qu'elle s'apprêtait à présenter aux Nations unies un plan de paix pour la Syrie. La visite de Zarif à Damas doit permettre des «discussions détaillées» sur le projet de Téhéran. Au Liban, Al Manar, la chaîne de télévision du Hezbollah, a annoncé que le cessez-le-feu était entré en vigueur hier à 06h00 pour 48 heures afin d'arrêter les opérations militaires à Zabadani. «Cela inclut également les villages d'Al Foua et Kefraya dans la campagne d'Idlib», a ajouté la chaîne. A la mi-journée, le cessez-le-feu semblait tenir. «Jusqu'à présent, le calme règne», a déclaré l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une organisation non-gouvernementale basée au Royaume-Uni qui suit le conflit syrien grâce à un réseau d'informateurs sur le terrain. De sources proches des négociations, on indique que les discussions doivent se poursuivre sur d'autres points. L'interlocuteur côté rebelle est le groupe islamiste Ahrar al Cham, l'un des piliers de l'«Armée de la conquête» avec les djihadistes du Front al Nosra, une alliance qui a enregistré d'importantes victoires sur le terrain depuis plusieurs semaines dans le nord-ouest du pays. «Le cessez-le-feu a été accepté mais il y a d'autres points et les négociations se poursuivent», a déclaré une source proche des négociateurs rebelles. Selon l'OSDH, ces points en discussion portent sur les modalités d'évacuation de combattants de Zabadani et sur l'acheminement d'une aide alimentaire aux habitants d'Al Foua et Kefraya, assiégés par les rebelles. Ahrar al Cham a déclaré la semaine dernière avoir eu des discussions avec une délégation iranienne sur le sort de Zabadani. Le groupe rebelle a déclaré que ces discussions avaient été interrompues en raison de la volonté des Iraniens «de vider Zabadani de ses civils et combattants pour les déplacer dans d'autres secteurs».