Apparemment, l'actuel wali d'Annaba, Youcef Cherfa, est tout sauf un homme qui s'engage à l'aveuglette dans ses options de gouvernance. Depuis son installation le mois d'août dernier, il a tranquillement continué sur sa lancée avec la conviction de faire d'Annaba une wilaya en devenir. Ce qui explique le pourquoi de la multiplication des visites de travail et d'inspection par des ministres. La tentative d'énumération des démarches qu'il a entreprises en à peine 5 mois pourrait néanmoins permettre à chacun de se faire une idée de sa volonté de rassurer les uns et les autres sur les choix et les objectifs qu'il s'est assignés. Et si la réalisation des 50.000 logements et des équipements qui vont avec sont un acquis qui se matérialise crescendo, l'enclavement de plusieurs communes et localités va être rangé progressivement dans la mémoire collective des mauvais souvenirs. Le volet réalisation et réhabilitation des routes inscrit au programme stratégique de développement de la wilaya d'Annaba est un pan important. Il est un maillon incontournable de l'économie locale, régionale et nationale. Autre volet important, la nouvelle zone industrielle Aïn Sayad, dans la commune d'Aïn Berda. Elle ouvre de réelles opportunités aux hommes d'affaires et aux jeunes ambitieux à la recherche d'un espace pour créer leur activité. L'unité de montage, d'entretien et de maintenance des tramways Cital, apporte un plus aux besoins de plus en plus grandissants du domaine des transports en commun. Malgré l'austérité imposée, les budgets alloués aux directions locales constituent un véritable vivier pour les responsables et les administrateurs de crédits. Il reste, cependant, qu'Annaba a grand besoin d'une structure de lutte contre la corruption et de dépassements de certains qui se prennent pour des «arbab» au niveau de la wilaya. A l'image de cet imposant élu qui pourrait être gêné par pareille structure. Cette dernière s'apparenterait à un moyen qui viendrait couper l'herbe sous le pied à cet énergumène et beaucoup d'autres de son espèce derrière lesquels se cachent corrupteurs et corrompus. Ces derniers ne seront certainement pas les seules cibles. Les entrepreneurs et autres chefs d'entreprise, complices des administrateurs, devraient être dans le collimateur. La question que l'on se pose est de savoir si le wali est en mesure de s'attaquer à cette tumeur. Elle est déjà la cause des révélations publiques sur de nombreuses affaires. Certaines sont sous le coup d'une instruction judiciaire (Trésorerie, commune d'Annaba et SEATA). Est-ce parce que les personnes impliquées font partie de la catégorie des citoyens lambda. D'autres affaires attendent certainement la fin de ce mandat électoral pour éclater au grand jour. N'a-t-on pas vu un député d'Annaba accusé, jugé et condamné à l'issue de sa mandature ? D'ici là, les 650 000 habitants espèrent que leur wali arrivera à disposer d'une lisibilité dans l'utilisation des budgets affectés pour le développement locale des communes. Pour l'heure, il se limite à établir des constats, à multiplier les réunions du conseil exécutif de wilaya qu'il préside et à écouter les informations que lui communiquent ses proches collaborateurs. Mais attention à la désinformation comme celle qui veut faire croire que des projets socioéconomiques en cours depuis presque deux décennies sont en voie d'achèvement. De toute évidence, le wali est arrivé à la conclusion que rares sont les précédents ou actuels membres de l'exécutif local à être arrivés à lancer de nouveaux projets, à étudier les perspectives d'autres ou à réceptionner ceux achevés. Pour établir ce constat, Youcef Cherfa a effectué des visites de travail et d'inspection dans neuf communes sur les douze que compte la wilaya. Hormis la paisible Seraïdi inscrite au titre de prochaine étape où il pourra s'assurer de l'état d'avancement du chantier de réhabilitation du Centre régional d'éducation physique et sportive toujours en cours, le wali aura fort à faire dans les deux qui restent. Il s'agit d'El Bouni avec plus de 170.000 habitants et une dizaine de localités et de la commune du chef-lieu de wilaya comptabilisant 400.000 âmes. Celle-ci est confrontée à la saturation de ses voies de communication urbaines et de son portefeuille foncier ainsi qu'aux bidonvilles qui réapparaissent aussitôt éradiqués et au problème des marchés informels.