Selon que l'on soit Français d'origine maghrébine, chinoise ou, simplement, une personne de couleur noire, le traitement réservé aux bavures policières, dont sont victimes les membres de ces communautés, n'est pas tout fait le même et ne trouve pas le même écho chez les politiques ni ne bénéficie de la même couverture médiatique. Jusqu'ici, lorsqu'il s'est agit d'affaires, dont sont victimes les blacks et beurs, mettant en cause les forces de l'ordre, les réactions sont immédiates. Sans un minimum de prudence et sans qu'elle ne se soit enquise de la réalité des faits, une certaine classe politique (la droite décomplexée et l'extrême droite, dans le cas d'espèce) a toujours déployé avec force rhétorique l'arsenal d'arguments habituel pour défendre les policiers mis en cause. Début février, l'affaire Théo éclate. Un jeune citoyen français d'origine africaine se fait contrôler par des agents de police à Aulnay-sous-Bois (Seine Saint-Denis). Le contrôle d'identité (qui n'est pas tout à fait routinier puisque les citoyens de banlieue se font contrôler sept fois plus que les autres) dégénère et tourne en une interpellation musclée. Résultat : La victime accuse les policiers de viol avec une matraque, les agents incriminés mis en examen pour des faits de violences et viol. Les réactions ne se sont pas fait attendre. Les solidarités pleuvent, l'indignation et les condamnations aussi. Fait marquant : la droite de Fillon et la galaxie lepéniste, comme d'habitude, se saisissent de l'affaire. Et, selon les rengaines et les refrains du bas théâtre raciste, c'est forcément Théo le coupable et les policiers les victimes. Dimanche 26 mars, trois agents de la brigade anti-criminalité interviennent dans un appartement et blessent mortellement Shaoyao Liu, un père de famille d'origine chinoise. Une mort qui a suscité la colère de la communauté de la victime, mais aussi les vives réactions du président chinois. Au point où une rencontre entre l'ambassadeur de Chine et le préfet de Paris devait avoir lieu samedi 1 avril. Etrangement, les mêmes cercles politiques, d'ordinaire prompts à réagir au quart de tour et se faire les avocats des pauvres policiers accusés d'usage disproportionné de la force à l'encontre d'une certaine catégorie de population, cette fois, ils ont adopté un profil trop bas pour être de la retenue et de la prudence. Une semaine après le drame, ni la droite, version Fillon, ni l'extrême-droite et les groupuscules identitaires, les fervents défenseurs des forces de l'ordre (que celles-ci soient accusées à tort ou à raison) ne sont exprimées sur la mort du citoyen chinois. Il est fort probable, ou même certain, (que) ce dernier n'est pas considéré comme un immigré.