Comme il fallait s'y attendre, le deuxième débat télévisé, auquel, cette fois, ont participé les onze candidats en lice, contrairement au premier qui avait vu participer les candidats qui étaient crédités de plus de 10 % dans les dondages, s'est déroulé dans une ambiance, parfois cacophonique rendant les discours inaudibles, où les passes d'armes le disputait souvent aux provocations. La participation des concurrents sans réel poids et qui n'ont aucune chance d'accéder au second tour, même si rien n'est exclu à se stade vu les surprises de cette campagne, a permis de donner plus de mordant à une confrontation plutôt riche et incisive. Ils se sont montrés plus offensifs et ont pu bousculer à certains moments les favoris. Destiné à participer à former le jugement des électeurs, en particulier les indécis, et à leur donner plus d'éléments leur permettant de décrypter le programme des uns et des autres, ce débat, finalement , n'a pas apporté de bouleversements majeurs dans les intentions de vote. Hormis Jean-Luc Mélenchon qui voit s'amplifier sa dynamique et qui pourrait être l'énième surprise de cette élection, sans réelle surprise, le classement en tête des sondages est resté inchangé. Une analyse de l'institut Elabe d'après débat a montré que le candidat de la France insoumise, avec 25 % d'opinions faborables, a été le plus convaincant. En revanche, 27 % des sondés ont estimé que c'est Emmanuel Macron qui a les meilleures qualités pour être président et 23 % d'entre eux ont considéré son programme plus adapté à la situation. Compte tenu du temps imparti à chaque candidat, le choix des thématiques soumises à ce débat contradictoire s'est trouvé limiter à trois sujets majeurs. L'emploi, la protection des Français ou encore le modèle social que chaque candidat entend défendre et mettre en oeuvre sont débattus, mais de façon superficielle sans vraiment que les uns et les autres aient été allés dans le fond des choses et donner les clés de la réussite de leur projet respectif. Les thèmes sur l'Europe et la moralisation de la vie publique ont, cependant, largement dominé et pris le pas sur le reste, grâce ou à cause des candidats qui n'ont pas grand chose à perdre, pas plus qu'ils en ont à gagner, d'ailleurs. Eu égard au déroulement de la campagne, forcément, ça ne pouvait pas en être autrement. Les deux sujets en question constituent les points faibles de Marine Le Pen et de François Fillon, donc, des angles d'attaque privilégiés. A moins de trois semaines du premier tour, plus d'un tiers des électeurs est encore indécis, les partis de gouvernement peinent à s'affranchir du bilan qui est le leur. Et, en dépit d'une prestation plutôt médiocre puisque attaquée de toute part et son programme mis à nu, plus que jamais la candidate du Front national est en embuscade. « Le système », l'ennemi public numéro un «Le système», tout le monde l'accuse pour incarner l'anti-système. Tout au long de la campagne, Il a été la cible du tir groupé de toutes celles et ceux qui se disent en être victimes. Bizarrement, lors du débat de mardi soir, les attaques sur le système ont été carrément absentes ou peu de candidats y ont recouru. Ce nouveau vocable fourre-tout utilisé dans les discours des candidats à l'élection présidentielle française est devenu en l'espace d'une folle campagne électorale l'ennemi des poitiques n° un. Les attaques le visant fusent de toute part. Il ne se passe pas un meeting, une émission de radio ou encore de débat télé sans que le système ne soit mis en cause. Problème, ceux qui attaquent le système y sont issus ou/et en ont profité. En réalité, la posture, qui consiste à se servir de système comme formule de contre-attaque, n'est autre qu'un paravent qui cache les tares et les agissements délictueux du personnel politique français.