Décidément, l'élection présidentielle française de 2017, la onzième du nom sous la Vème République, est manifestement partie pour ne ressembler à aucune autre de celles qui l'ont précédée. D'autant plus atypique que les choses ne seront plus comme avant après ce qui s'est révélé, dit et passé au fil de la campagne. Au terme d'une primaire de la droite et du centre plutôt réussie, après un quinquennat catastrophique, qui a vu celui qui l'a incarné renoncer à sa propre succession, tellement l'échec est évident, l'alternance au mandat calamiteux de François Hollande ne devait alors n'être qu'une simple formalité. On s'attendait à une élection «normale», sans vague, presque ennuyeuse, elle en fut animée jusqu'à l'excès, parfois d'une violence inouïe. L'on l'a crue jouée d'avance, elle n'en finit pas de surprendre. Au bruit des casseroles, à l'intox et fausses informations, aux coups bas et aux trahisons, aux ralliements et les railleries qui s'en sont suivies, à la violence aux abords des salles de meeting, vient s'ajouter la menace terroriste. Un attentat en préparation a été déjoué en effet, mardi dernier, par les services de la Direction générale de la sécurité intérieure, avec l'aide du Raid. Deux individus, de nationalité française et originaires du Nord de la France, se revendiquant de Daech, soupçonnés de vouloir perpétrer un attentat «imminent», selon le ministre de l'Intérieur et le procureur de la République de Paris, ont été appréhendés dans le 3ème arrondissement de Marseille, avec un arsenal composé d'armes de guerre et trois kilos d'explosifs. La sécurité rapprochée autour des candidats est renforcée dès vendredi dernier et des mesures supplémentaires sont prises pour garantir la sécurité des candidats et de leur QG. Plus de cinquante mille gendarmes et policiers sont mobilisés, appuyés par les militaires de l'opération Sentinelle, seront déployés pour assurer la sécurité de l'élection présidentielle, a précisé le ministre de l'Intérieur Matthias Fekl. Craignant l'effet boomerang, les candidats dans leur majorité se sont dit se garder d'instrumentaliser l'événement. Difficile à croire. Car étant informée par les services de sécurité, des vendredi, de l'imminence d'une attaque terroriste visant à perturber le scrutin, Marine Le Pen, avec ses formules à l'emporte-pièce, en a rajouté une couche lors de son meeting parisien. Curieusement, elle a parlé, lundi dernier, d'un moratoire sur l'immigration légale, un sujet adventice qu'elle n'a jamais évoqué tout le long de la campagne. Mais, il faut bien le dire cet attentat déjoué est du pain béni pour la candidate du Front national, une preuve, s'il en est, de l'alliance objective entre les réseaux djihadistes et les courants d'extrême droite. Dans l'ultime étape de la campagne, Marine Le Pen va sans doute surfer sur la menace terroriste qui pèse sur cette élection pour revenir et promouvoir les fondamentaux à moindre frais.