Près de 47 millions de Français sont convoqués ce jour pour le premier tour d'une élection présidentielle inédite, de par l'émergence de candidats hors clivage droite-gauche, qui va se dérouler sous haute sécurité en raison de la menace terroriste élevée, notamment après l'attentat de jeudi soir à Paris contre des policiers. Son caractère inédit s'explique aussi par le fait que cette élection, à laquelle a renoncé le président sortant François Hollande, est organisée sous l'état d'urgence, décrété au lendemain des attentats du 13 novembre 2015 et reconduit plusieurs fois, qui arrivera à échéance le 15 juillet prochain. Les autorités chargées de la sécurité ont davantage durci les mesures, notamment depuis l'arrestation mardi de deux personnes soupçonnées de projeter un attentat terroriste pendant la campagne électorale. Cependant, le risque zéro n'existe pas si l'on se réfère à l'attaque meurtrière de jeudi contre des policiers en plein centre de Paris qui a fait un policier tué et deux blessés. «Plus de 50 000 policiers, gendarmes et militaires seront déployés lors de chaque tour de l'élection présidentielle sur l'ensemble du territoire français afin de permettre au scrutin de se dérouler dans les meilleures conditions de sécurité et de sérénité possibles», avait indiqué Matthias Fekl, ministre de l'Intérieur. Dans le starting-block, onze candidats ont essayé de convaincre les Français, dont une bonne partie des électeurs restent toujours indécis, en raison notamment d'une campagne électorale qu'ils la trouvent «morose» entachée surtout des affaires de justice concernant deux favoris, François Fillon (Les Républicains) et Marine Le Pen (Front national). Tous deux sont accusés, après des révélations de la presse, d'avoir favorisés leurs proches (membres de la famille ou du parti) dans des emplois fictifs payés sur des fonds publics. Une campagne focalisée sur les affaires de justice décriée et ébranlée par l'attaque de jeudi De nombreux Français ont décrié cette campagne qui a pêché par sa focalisation sur ces affaires de justice au moment où ils attendaient des débats sur les questions importantes liées à leur quotidienneté et à l'avenir de la France, un pays qui évolue dans un contexte, national et international, très difficile. La campagne électorale a été ébranlée jeudi soir par une attaque ayant ciblé des policiers, au moment où un débat politique des onze candidats à la présidentielle se déroulait en direct sur la chaîne publique France 2. L'autre particularité de cette élection, faut-il le rappeler, est le renoncement d'un président sortant de briguer un second mandat, laissant derrière lui un Parti socialiste (PS) orphelin. En effet, François Hollande, dont son quinquennat est très critiqué par ses adversaires que même les membres de sa famille politique ne le défendent même pas, a du renoncer à un autre quinquennat, après de profondes dissensions de la gauche. C'est ainsi que la gauche part, dans cette présidentielle, en rang dispersé, avec un candidat du Parti socialiste, Benoît Hamon, affaibli, et Jean-Luc Mélenchon (France insoumise) qui a frayé en solo son chemin sur lequel il a fait une véritable remontada pour se mettre, dans un mouchoir de poche, avec les trois autres candidats potentiels. Le favori number one des sondages de ces derniers jours, même s'ils ne sont pas représentatifs, est l'ancien ministre de l'Economie démissionnaire et fondateur du mouvement En Marche ! , Emmanuel Macron, qui ratisse, avec son crédo «ni de droite, ni de gauche», sur les deux rives, notamment auprès des déçus et indécis. C'est un candidat, traité par ses adversaires d' «inconsistant» et «pas clair», qui veut apporter une vision nouvelle au Français que celle de l'alternative gauche-droite. Tous les sondages le donnent qualifié au deuxième tour avec Marine Le Pen et, dans ce cas de figure, il devait être élu président de la République. Mais, beaucoup d'analystes n'écartent pas que cette élection «très indécise» pourrait apporter, dan son lot des surprises, comme la qualification pour le deuxième tour du tribun Jean-Luc Mélenchon, qui a conquis les coeurs de nombreux Français, ou de l'ex-favori numéro 1, François Fillon, qui croit toujours à une vote «caché», partant de l'axiome du peuple français est un peuple de droite.