Cette présente analyse est une note de synthèse ayant trait au dernier rapport en date du 12 février 2018 du gouverneur de la Banque d'Algérie sur la situation économique et financière de l'Algérie à fin 2017. Selon le gouverneur de la Banque d'Algérie dans sa note de conjoncture en date du 12 février 2018, sur les indicateurs économiques et financiers, le taux de croissance a été seulement 2,2% en 2017 (contre 3,3% en 2016). Ce taux couvre à peine le taux de croissance démographique. La population algérienne a dépassé selon l'ONS 41 millions ‘habitants en janvier 2017, la population active étant estimée à environ 11 millions et la demande additionnelle d'emploi en plus du stock de chômage actuel surestimée incluant les emplois rente non prédictifs ou à productivité très faible varie entre 300 000/350 000 demandes /an. Or le taux d'emploi est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité, avec un changement notable dans le profil de la structure du taux de croissance avec l'avènement de la quatrième révoltons économique reposant sur l'économie de la connaissance. Ce qui, fait extrapoler selon le au FMI un taux de chômage de 13,2% en 2018. Car on ne crée pas de l'emploi par décret ou avec des sureffectifs dans l'administration : ce sont les entreprises publiques ou privées concurrentielles en termes de coût/qualité dans le cadre des valeurs internationales qui sont génératrices de création de valeur ajoutée. Sur un total des exportations le rapport de la banque d'Algérie note un montant de 32,9 milliards USD en 2017 contre 29,3 milliards USD en 2016, les exportations hors hydrocarbures se sont établies seulement à 1,3 milliard USD (70% de dérivées d'hydrocarbures) contre 1,4 milliard en 2016. Les exportations des hydrocarbures ont reculé en volume après une hausse de 10,8% en 2016 alors que leur valeur a progressé à 31,6 milliards USD à la fin 2017 contre 27,9 milliards USD en 2016 et ce qui a donc stimulé les recettes en devises ce sont la hausse des prix au niveau international.. Quant aux importations non compris les transferts légaux de capitaux et les sorties de devises des services, malgré toutes les restrictions elles se sont établies à 48,7 milliards USD en 2017 contre 49,7 milliards en 2016, soit une baisse d'un milliard de dollars seulement par rapport à 2016. Les pronostics d'une importation de biens de 30 milliards de dollars en 2018 (ce montant avait été avance pour 2017) est –il réaliste lorsqu'on sait que la superficie économique est représentée par 83% de petits commerce-services, que le secteur industriel représente 6,3% du PIB, 97% de ces entreprises sont des PMI-PME peu innovantes et concurrentielles et que la majeure partie des entreprises publiques et privées fonctionnent à plus de 70/75% à partir des matières premières importées ? Il faut être réaliste : en ce mois de février 2019, Sonatrach c'est l'Algérie et l'Algérie c'est Sonatrach. Il s' ensuit que le déficit de la balance commerciale s'est établi à 15 milliards de dollars et le déficit global de la balance des paiements a clôturé à 23,3 milliards de dollars en 2017 contre 26,3 milliards USD en 2016. Ce qui donne une sortie de devise hors importation de biens représentant les sorites de devises des services dont le montant a fluctué, 2010/2016, entre 9//11 milliards de dollars plus les sorties légaux de capitaux des firmes étrangères de 8,3 milliards de dollars. Sur le plan budgétaire selon le gouverneur à fin septembre 2017, les recettes budgétaires effectives ont été de 4740 milliards de dinars contre 3606 mds de dinars en septembre 2016 et les dépenses budgétaires sont restées quasi-stables à 5535 milliards de dinars, soit un déficit de 795 milliards de dinars. Rappelons que pour le FMI dans son rapport de 2017, la dette publique est estimée à 12 % du PIB et la dette extérieure, ne dépasserait pas les 3% du PIB. Les réserves de change fonction des recettes d'hydrocarbures, 97/98% directement et indirectement avec les dérivées des recettes en devises, ont été estimées à 56 milliards de dollars en 2005, 77,78 milliards en 2006, 110 milliards en 2007 à 138,35 milliards de dollars en 2008, à 147,2 milliards en 2009, à 157 milliards de dollars fin 2010, 188,8 milliards de dollars en 2011, 190, 66 en 2012, 194 milliards de dollars en 2013, 179,9 milliards de dollars en 2014, 144,1 milliards de dollars fin 2015, de 114,4 milliards USD fin 2016, à 97,3 milliards à la fin 2017. L'Algérie a un répit de trois ans pour éviter un retour au FMI et donc de mettre en place une économie productive concurrentielle, supposant une véritable stratégie hors rente. Elles tiennent la cotation du dinar à plus de 70%. Si les réserves de change tendaient vers 20 milliards de dollars la Banque d'Algérie seraient contrainte de coter le dinar à environ 200 dinars un euro officiellement sans parler de l'écart avec la sphère informelle ou le dinar se cote le 13 février 2018 entre 206/208 dinars un euro. Quant au taux d'inflation officiel, entre 2016/2017 il a approché les 6% incluant les biens subventionnés dont le montant a augmenté selon la loi de Finances 2018 d'environ 8% par rapport à 2017. Ce taux est biaisé ne tenant pas compte qu'en ce XXIème siècle le panier qui doit présider au calcul de l'indice doit être historiquement daté, de nouveaux besoins apparaissant ne devant pas se limiter uniquement à la nourriture. Par ailleurs il est prévu environ 17 milliards de dollars pour le financement non conventionnel uniquement pour 2018 : en cas ou ce montant ou une fraction importante, irait à des dépenses improductifs ou faiblement à faible valeur ajoutée il faudra s'attendre à une poussée inflationniste, ce qui nécessitera forcément un relèvement des taux d'intérêt des banques primaires si elles veulent éviter la faillite, ce qui freinera l'investissement productif et accélèrera les actions spéculatives. Justement pour éviter un processus inflationniste incontrôlé se pose la problématique des subventions. L'impact positif des subventions, face aux tensions budgétaires analyses précédemment, la réussite de l'opération subventions ciblées implique trois actions. Premièrement, cette opération est techniquement impossible sans un système information fiable en temps réel, mettant en relief la répartition du revenu national par couches sociales et par répartition régionale : combien perçoivent moins de 20.000 dinars par mois net, combien entre 20.000/50.000, combien entre 50.000/100.000, combien entre 100.000 et 200.000 et plus. et donc comment distinguer les riches des pauvres, Deuxièmement, cette opération est également impossible sans quantifier la sphère informelle qui permet des consolidations de revenus., existant des données différentes soit que l'on se réfère au produit intérieur brut (entre 40/50% selon l'ONS), par rapport à l'emploi (plus de 33% de la population active selon le ministère du travail) ou à la masse monétaire en Le gouverneur de la banque d'Algérie en date du 12 février 2018 vient de donner le montant, je le cite « la masse monétaire fiduciaire circulant dans l'économie jusqu'au 31 décembre 2017 était de 4780 milliards de dinars et sur les 4780 milliards de dinars environ 2000 milliards de dinars sont, thésaurisés chez les privés et/ou opérateurs économiques» soit exactement 41,84%. Aussi, pour éviter la confusion dans l‘analyse de la masse monétaire au niveau de la sphère informelle, l'on doit différencier la part normale que détiennent les ménages à usages personnels, du montant stocké à des fins. Troisièmement, de définir avec précision, l'institution chargée de la traçabilité et d'établir une balance qui doit être positive, sin on cette opération n'aurait aucun sens, tant en dinars qu'en devises. En 2012 dans un rapport opérationnel que j'ai transmis au gouvernement suite à un dossier réalisé sous ma direction, que j'ai présenté personnellement au député de la Commission économique de l'APN sur les carburants fin 2008, j'avais préconisé une chambre nationale de compensation chargée d'établir les transferts intra-socioprofessionnels et inter régionale (1). En résumé, face à la situation actuelle caractérisée par des tensions sociales, les économistes et les politiques, avant d'élaborer une politique socio-économique réaliste, doivent reconnaitre leurs limites ayant besoin de connaitre les mouvements historiques, anthropologique et sociologique des forces politiques, économiques et sociales, souvent influencées par des acteurs externes, donc de connaïtre le fonctionnement de la société toujours en mouvement. D'où l'importance stratégique du dialogue où le lieu naturel est le conseil économique et social consacré par la nouvelle Constitution qui devrait regrouper les meilleures compétences et toutes les composantes de la société représentatives malheureusement gelé depuis des années où serait discuté et élaboré une politique réaliste des subventions ciblées. L'objectif stratégique 2018/2025/2030 sera de dépasser le statut quo actuel pour éviter l'épuisement progressif des réserves de change, donnant un répit de trois ans. La situation peut être maîtrisable, sous réserve d'une planification stratégique (les plus grands planificateurs étant les transnationales) d'une plus grande rigueur budgétaire et d'une lutte contre les surcoûts, le gaspillage et la corruption renvoyant au mode de gouvernance. Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul