Le Conseil de sécurité tiendra, aujourd'hui à New York, la première discussion sur le projet de résolution devant proroger le mandat de la Mission de l'Onu pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso), une réunion intervenant dans le sillage d'une campagne politico-médiatique marocaine pour peser sur le fond du texte, en semant la confusion sur les données géographiques de l'accord militaire N 1. Les Etats-Unis, porte-plume de la résolution, devraient transmettre incessamment la première mouture de ce projet au groupe des amis du Sahara occidental au Conseil de sécurité. Jusqu'ici, aucun élément n'a filtré de ce projet, dont l'adoption est prévue le 25 du mois courant, selon l'agenda du Conseil de sécurité. Les discussions sur la prorogation du mandat de la Minurso se dérouleront cette année sur fond de crise dans la zone tampon d'El-Guergarat, où le Maroc tente de changer la réalité sur le terrain en semant la confusion sur les données géographiques de l'accord militaire N 1 qu'il avait accepté d'un commun accord avec le Front Polisario. Après avoir faussement accusé la partie sahraouie de violation de cessez-le-feu, le Maroc a brandi la menace d'engager une action militaire pour annexer les territoires sahraouis libérés. Début avril, l'ONU avait apporté un démenti formel aux accusations du Maroc, en affirmant que la Minurso, chargée de surveiller le cessez-le-feu, n'avait observé aucun mouvement d'éléments militaires sahraouis dans cette zone démilitarisée, sous surveillance des Nations unies. Ces allégations non fondées sont conçues délibérément pour détourner l'attention du Conseil de sécurité du vrai problème qui est l'actuelle impasse dans laquelle se trouve le processus de paix, alors que l'émissaire onusien, Horst Kohler, s'active pour lancer un cinquième round des négociations. Mettant le Maroc devant ses responsabilités concernant l'escalade des tensions à El-Guergarat, l'ONU a enjoint ce pays d'accepter l'envoi d'une mission technique, pour déterminer avec exactitude la partie qui était à l'origine de la violation des termes de cessez-le-feu dans cette zone sensible. Mais Rabat a opposé un non catégorique à cette mission d'experts qu'elle a jugé, «inopportune et inappropriée», selon les observations du SG de l'ONU, contenues dans son nouveau rapport sur le Sahara occidental. Pourtant, la mission est prévue par le paragraphe 3 de la résolution 2351 (2017) du Conseil de sécurité, prorogeant le mandat de la Minurso. Il y a lieu de rappeler que cette disposition a été le fruit de tractations de plusieurs jours au niveau du Conseil qui, par consensus, a décidé d'examiner les causes et les répercussions de la violation du cessez-le-feu par le Maroc. De toutes ces discussions, il s'est dégagé un constat important : la situation à El-Guergarat impose de trouver une solution qui aille au-delà d'un simple enregistrement des violations de l'accord de cessez-le-feu pour s'attaquer aux causes réelles qui étaient à l'origine de la crise. Une note confidentielle du secrétariat général de l'ONU, transmise au Conseil de sécurité en août 2016, avait reconnu la violation de l'accord militaire numéro 1 par le Maroc. Les autorités marocaines ont voulu imposer de force la construction d'une route traversant cette zone et une partie du territoire sous contrôle du Front Polisario. La Minurso a recensé sept violations de l'accord militaire numéro 1 commises par l'armée marocaine au cours de la période couverte par le nouveau rapport du SG de l'ONU allant d'avril 2017 à ce jour. S'y ajoutent dix autres violations de longue date, enregistrées avant la période sous revue, révèle le même document.