Kaïs Saïed a déclaré que cet organe, qui garantit le bon fonctionnement de la justice, appartenait au passé. Des manifestations sont prévues dimanche dans le pays. Le président tunisien Kaïs Saïed, à l'aéroport international de Tunis-Carthage, le 15 décembre 2021. Le président tunisien Kaïs Saïed, qui s'est arrogé depuis juillet 2021 les pleins pouvoirs, a annoncé, dimanche 6 février, avoir décidé de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), organisme indépendant chargé de nommer les juges, l'accusant d'être partial et au service de certains intérêts. « Le CSM appartient au passé à partir de ce moment », a déclaré le chef de l'Etat. Il a ajouté qu'il publierait un décret temporaire à son sujet. Aucun détail supplémentaire concernant ce décret n'a été donné. Il y a quelques semaines, il avait déjà retiré un certain nombre d'avantages aux membres du CSM. Il accuse cet organe constitutionnel de corruption et de partialité et d'avoir ralenti certaines procédures, dont les enquêtes sur des assassinats de militants de gauche survenus en 2013. Le Mouvement du 25 juillet, qui regroupe ses partisans, avait appelé samedi M. Saïed à dissoudre le CSM pour « purger » le pouvoir judiciaire de « magistrats corrompus ». « Malheureusement dans ce pays, certains juges dans les tribunaux ont manipulé le dossier Chokri Belaïd », a dénoncé M. Saïed, à propos de l'affaire de ce militant laïc tué de trois balles devant son domicile le 6 février 2013. « Ce n'est pas le premier procès où ils essaient de cacher la vérité depuis des années », a-t-il estimé. « Dans ce conseil, les postes et les nominations se vendent et se font selon les appartenances, a affirmé le chef d'Etat, en ajoutant : Vous ne pouvez pas imaginer l'argent que certains juges ont pu recevoir, des milliards et des milliards». Pour lui, « la place des juges [du CSM] n'est pas là où ils se trouvent mais sur le banc des accusés ».