Des milliers de femmes et d'enfants yéménites confrontés aux travaux forcés, à la déscolarisation, aux violences sexuelles, à la mortalité maternelle et au mariage des enfants. L'ONU s'est déclarée contrainte, à des «choix délibérés» consistant à ne pas venir en aide et suite à la suspension de l'aide étrangère américaine, la suspension de l'aide ou le «choix» délibéré de ne pas sauver des vies. L'aggravation de la situation humanitaire dans le pays, où les rebelles houthistes, également connus sous le nom d'Ansar Allah, et les forces gouvernementales, soutenues par l'Arabie saoudite et ses alliés, se disputent le pouvoir depuis plus d'une décennie, constaté lors de la réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Yémen. « Les coupes budgétaires sévères ont porté un coup dur à notre travail visant à sauver des vies », a indiqué M. Fletcher devant le Conseil, dont les Etats-Unis sont l'un des cinq membres permanents. L'augmentation des besoins humanitaires coïncide avec la décision des Etats-Unis, depuis janvier dernier, de suspendre tous leurs programmes d'aide étrangère pour une durée de trois mois, à l'exception de l'assistance alimentaire d'urgence et de l'appui militaire du pays à Israël et à l'Egypte. Il a rappelé que le Yémen occupait, en 2021, l'avant-dernier rang de l'indice mondial d'inégalité entre les sexes du Forum économique mondial et, en 2023, l'avant-dernier rang de l'indice « Femmes, paix et sécurité » du Georgetown Institute. Les conséquences disproportionnées de la crise humanitaire yéménite sur les femmes du pays, qui souffrent selon lui de « discriminations et d'exclusion systématiques » depuis des décennies. Rien ne semble indiquer que des progrès soient réalisés, et que 9,6 millions de femmes et filles yéménites ont besoin d'une aide humanitaire vitale et sont confrontées à la faim, à la violence et à un système de santé en déclin. Parmi elle, 1,3 million de femmes enceintes et de jeunes mères souffrent de malnutrition. De fait, il a souligné que le taux de mortalité maternelle du Yémen était le plus élevé du Moyen-Orient, soit plus de dix fois supérieur à celui de l'Arabie saoudite ou d'Oman. Ajoutent plus de 6 millions de femmes confrontées à des risques d'abus et d'exploitation et 1,5 million de filles non scolarisées. Près d'un tiers des filles yéménites sont d'ailleurs mariées avant l'âge de 18 ans. «À mesure que votre financement pour le Yémen s'évapore, les chiffres de mes prochains briefings seront encore pires », a mis en garde le chef de l'humanitaire. Sur le plan militaire, l'Envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU pour le Yémen, qui participait également à la réunion, s'est lui aussi dit préoccupé par l'évolution de la situation dans le pays. S'il n'a constaté aucune opération terrestre de grande envergure depuis la trêve négociée, sous l'égide de l'ONU, en avril 2022, Hans Grundberg a toutefois noté une poursuite des activités militaires, y compris des rapports récents faisant état de bombardements, d'attaques de drones, de tentatives d'infiltration et de campagnes de mobilisation dans plusieurs régions du nord du pays, y compris à Marib et Al Jawf, et sud, à Shabwa et Taïzz. « Je réitère donc mon appel aux parties pour qu'elles s'abstiennent de toute prise de position militaire et de mesures de représailles qui risqueraient de replonger le Yémen dans un conflit généralisé dont les civils paieraient à nouveau le prix », a-t-il déclaré. Efforts de paix M. Grundberg a dit poursuivre un dialogue avec les parties belligérantes yéménites et divers acteurs internationaux afin de résoudre la crise actuelle. Hans Grundberg (à l'écran), lors de la réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Yémen.UN Photo/Loey Felipe Hans Grundberg (à l'écran), lors de la réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Yémen. « La semaine dernière, j'ai discuté avec des hauts responsables du gouvernement yéménite et des acteurs régionaux pour demander un soutien concerté à un processus de paix inclusif », a-t-il rapporté. Trois défis doivent selon lui être relevés par les houthistes et le gouvernement yéménite pour mettre le pays sur la voie d'un tel processus : la négociation d'un cessez-le-feu à l'échelle nationale et de ses mécanismes de mise en œuvre, l'acceptation de compromis réciproques sur la direction économique du pays et la mise en place d'un processus politique capable d'inclure un large éventail de la société yéménites. «Les houthistes terroriste» Les Etas-Unis invoque l'incertitude d'introduire, par la récente décision de catégoriser les houthistes comme une organisation terroriste étrangère. «Bien que les ramifications complètes de cette mesure restent à déterminer, je réitère l'importance de protéger nos efforts pour faire progresser un règlement pacifique au Yémen » Afin de parvenir à une paix juste au Yémen, il a jugé essentiel de préserver « l'espace de médiation » entre les parties au conflit, sous les auspices de l'ONU. A noté la poursuite, selon Grundberg au cours du mois dernier, de la cessation des attaques d'Ansar Allah contre des navires en mer Rouge et contre Israël. «C'est une bonne chose, mais comme le Conseil le sait très bien, les environnements propices à la paix peuvent être fragiles et éphémères ». Il a appelé la communauté internationale à ne pas laisser passer l'occasion de pérenniser ces évolutions positives, en faisant « preuve de souplesse dans notre approche ». Par ailleurs appelé à la libération immédiate et inconditionnelle des personnes détenues par les houthistes, qui ont selon lui entamé une quatrième vague de détentions arbitraires du personnel de l'ONU au mois de janvier. L'appel de l'Envoyé spécial faisait suite à l'annonce de la mort, le mois dernier, d'un membre du Programme alimentaire mondial (PAM) retenu par les houtistes, qui détiennent à l'heure actuelle des dizaines de membres du personnel onusien, ainsi que des membres d'ONGs, de la société civile et de missions diplomatiques, dont certains depuis plusieurs années.n