Le moral des industriels français est tombé, en décembre, à son plus bas niveau, depuis la récession de 1993, et leurs perspectives sont tout aussi sombres pour les premiers mois de 2009, annonce l'Insee. L'enquête mensuelle de conjoncture dans l'industrie coïncide avec la publication des dernières prévisions économiques de l'Institut national de la statistique, qui anticipe, désormais, une contraction de 0,8% du produit intérieur brut au quatrième trimestre, puis une baisse de 0,4% au premier trimestre 2009. En décembre, l'indicateur synthétique du climat des affaires, calculé par l'Insee, a reculé à 73, égalant son plus bas record de juin 1993, contre 79 - un chiffre révisé en baisse d'un point - le mois précédent. Vingt-sept économistes, interrogés par Reuters, prévoyaient, en moyenne, un indicateur à 78 et l'estimation la plus basse était de 75. L'enquête existe depuis 1976 et l'indicateur synthétique, dont la dernière hausse remonte à novembre 2007, se situe maintenant à 27 points de sa moyenne de longue période de l'indice, qui est 100. Les industriels interrogés par l'Insee confirment l'accumulation des stocks de produits finis, et la baisse de la demande, avec des carnets de commandes qui continuent de se dégarnir, tant en France qu'à l'étranger. Les perspectives personnelles de production sont à leur plus bas niveau, depuis la création de l'enquête (solde de - 40 contre -31 en novembre) et les perspectives générales, qui reflètent l'opinion des industriels sur l'ensemble du secteur, passent de - 69 à -73. Aucune bonne nouvelle «Le détail de l'enquête n'offre aucune bonne nouvelle, aucun signe qu'une stabilisation pourrait intervenir a court terme,» remarque Frédérique Cerisier, économiste chez BNP Paribas, en prédisant de nouveaux plus bas au début 2009. En moyenne, au quatrième trimestre, l'indice se situe plus de 17 points en deçà de son niveau du troisième trimestre, ajoute-t-elle, en y voyant un signe d'effondrement de la production manufacturière qui a, d'ailleurs, commencé a être confirmé avec l'annonce, le 10 décembre, d'une chute de 3,2% de la production manufacturière française en octobre. «Les perspectives personnelles de production sont compatibles avec un recul de l'activité manufacturière, qui approcherait 10% sur un an, dans les mois à venir,» souligne Frédérique Cerisier. «On termine l'année dans des conditions déplorables d'activité et on commence 2009 dans les mêmes conditions», renchérit Bruno Cavalier, chez Oddo, en notant que la situation est la même partout. L'indice Ifo, du climat des affaires en Allemagne, publié jeudi, a ainsi subi, en décembre, un septième mois de baisse, qui le ramène à un plus bas depuis décembre 1982. En Italie, le moral des industriels est à son plus bas, depuis août 1993. «Je crains qu'en moyenne on ait une baisse du PIB d'au moins 2%, en 2009. Il est évident que les prévisions officielles vont devoir être sérieusement abaissées», ajoute Bruno Cavalier. L'Insee n'a pas fourni de prévision pour l'ensemble de 2009 mais chiffre à -1,1% l'acquis de croissance à fin juin, qui serait le niveau de croissance sur toute l'année, en cas de croissance nulle aux troisième et quatrième trimestres. Et ses prévisionnistes reconnaissent qu'il faudrait une hausse de 1,4% du PIB, au troisième comme au quatrième trimestres, pour finir l'année sur une croissance zéro. Le gouvernement, qui examine vendredi, en conseil des ministres, le plan de relance de 26 milliards d'euros, présenté le 4 décembre par le président Nicolas Sarkozy, espère toujours une croissance comprise entre +0,2% et +0,5% en 2009.