La confiance des industriels français a rechuté en février, laissant craindre une nouvelle forte contraction de l'activité au premier trimestre 2009, selon l'enquête de conjoncture publiée par l'Insee. L'indicateur synthétique du climat des affaires a chuté de cinq points à un nouveau plus bas historique de 68, alors que les économistes interrogés par Reuters l'attendaient en moyenne stable à 73, son niveau de décembre et janvier. Il se situe ainsi à 32 points de sa moyenne de long terme (100), du jamais vu depuis que l'enquête a été créée en 1976. Le jugement des chefs d'entreprise sur leurs perspectives de production, sur leurs carnets de commandes et sur les perspectives générales de l'économie française sont à des plus bas, tandis que le niveau des stocks continue d'être perçu comme excessif quel que soit le secteur. Saint-Gobain, le numéro un mondial des matériaux de construction, en a donné l'illustration vendredi en prévoyant une année 2009 «particulièrement difficile, notamment au premier semestre». Lafarge, le premier cimentier mondial, a aussi fait état d'une forte dégradation de ses marchés dans les pays développés. Une semaine après l'annonce d'une contraction violente de 1,2% du produit intérieur brut au quatrième trimestre 2008, l'enquête de l'Insee ne laisse pas espérer de franche amélioration au début 2009. «Globalement, l'activité française continue de se contracter sur un rythme très élevé et qui reste proche de celui observé au cours du dernier trimestre 2008,» indique Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Natixis Asset Management. «L'économie française est en récession et tous les secteurs de l'industrie sont désormais dans une position de fragilité marquée», ajoute-t-il en notant une «rupture à la baisse» dans les biens d'équipement et, dans une moindre mesure, dans les biens de consommation. Le solde mesurant les carnets de commandes pour les biens d'équipement a chuté à -57 en février contre -42 en janvier, et même à -63 (contre -39) pour les commandes à l'international. La production passée est également affichée en nette baisse et les chefs d'entreprise anticipent une accélération de la dégradation dans les mois à venir. Léger mieux dans l'automobile Les secteurs des biens intermédiaires et de l'automobile sont quant à eux restés sur des dynamiques médiocres en février mais leur dégradation ne s'est pas accélérée. Le solde mesurant les perspectives personnelles de production dans l'automobile s'est ainsi amélioré à -53, après avoir dégringolé à -91 en janvier. «Le secteur se reprend un peu après le phénomène d'arrêt massif de la production au quatrième trimestre,» observe Cyril Blesson, économiste chez Seeds Finance. Pour le reste, la statistique fait craindre selon lui une nouvelle baisse marquée de la production manufacturière au premier trimestre après celle de 8,6% au dernier trimestre 2008 «En maintenant pour le mois de mars les niveaux de confiance à leur valeur de février, notre modèle prévoit une chute additionnelle de la production manufacturière de 3,6%,» précise-t-il. Un autre signal négatif est venu des enquêtes PMI réalisées par Markit et également publiées vendredi pour la France et l'ensemble de la zone euro. Après une rémission en janvier, les indices PMI provisoires marquent une nouvelle dégradation de l'activité dans le secteur privé français. L'indice flash manufacturier a reculé à 35,4 contre 37,9 le mois précédent, alors que les économistes le prévoyaient en moyenne à 38,2. Pour Cyril Blesson, la rechute de la confiance des industriels en février milite en faveur d'une relance plus forte de l'activité, et coordonnée au niveau européen. «Il faudra attendre l'impact des plans de relance internationaux, et le restockage espéré à cet horizon, pour voir la production rebondir modérément fin 2009,» explique-t-il. «L'incertitude est liée à la résistance de la demande à cet horizon : il serait souhaitable selon nous que les gouvernements européens favorisent des mesures de relances internationales coordonnées additionnelles pour éviter toute mauvaise surprise.» L'économiste de Seeds Finance compte aussi sur la «capacité des gouvernements à susciter le retour de la confiance» lors du sommet du G20 qui se tiendra début avril à Londres.