La gare routière de Bordj Bou-Arréridj, à l'entrée sud de la ville, communément appelée SNTV, ressemble plutôt à une annexe de dépotoir, d'ailleurs ce fut, jadis, le marché à bestiaux de la région. De jour, comme de nuit, l'on s'y sent comme dans un véritable coupe-gorge. Ceci sans parler de l'insalubrité, et des conditions d'accueil, exécrables. C'est la gare routière «officielle» de Bordj Bou-Arréridj. C'est, aussi, la plus grande. Elle offre un nombre de destinations nationales stupéfiant. Le choix des véhicules est, également, le meilleur : minibus, cars 35, 45 ou 55 places. De nombreux petits commerçants vendent de quoi assurer vos besoins, dans l'attente du départ et pendant le voyage : boissons fraîches, biscuits industriels, biscuits faits «maison», eau minérale, café, thé, fruits tels que bananes, oranges... arachides, journaux, piles, cigarettes, tabac à chiquer, et autres babioles. Pensez, si vous voyagez loin, à prendre ce qu'il vous faut. Sachez, cependant, que lors des différents arrêts (ravitaillement carburant, pause pipi, pannes ...), vous aurez l'occasion d'acheter de quoi boire et manger. Il n'y a pas pire que la gare routière de Bordj Bou-Arréridj, n'ayant de gare que le nom. Vous risquez néanmoins, avant même votre entrée dans la gare proprement dite, d'être embêté par ces jeunes. Surtout, ignorez-les, dès le début, et s'ils vous demandent où vous allez, répondez leur «nulle part», sans quoi vous ne serez jamais tranquille et vous risquez de devoir leur donner un pourboire immérité. Vous n'aurez, de toute façon, pas besoin d'eux, car à l'intérieur de la gare, même si elle est dépourvue de panneaux indiquant la destination des véhicules, les receveurs des cars font office de hauts parleurs et vous serez guidés par leurs voix. La première partie de la gare est pour les minibus, et les J9, et la seconde est réservée aux cars. Si, malgré tout, vous trouvez le moyen de ne pas trouver votre destination, le mieux pour vous est de demander à un commerçant de vous indiquer l'endroit recherché. Les malheureux voyageurs des différentes destinations ne trouvent ni cadre propice, devant atténuer les affres de l'attente, ni siège où l'on peut prendre son mal en patience ni, même, un abri pouvant les protéger de la canicule et des averses de l'hiver. Les «quais» de la structure non clôturée sont squattés par les vendeurs à la sauvette, qui écoulent n'importe quoi, à même le sol. Les titres de la presse nationale sont cédés au prix fort, et ce même à l'unique kiosque à tabac. Les lieux, qui devraient être nettoyés au moins une fois par semaine, n'ont jamais reçu aucune goutte d'eau, sauf de la pluie, devant effacer l'épaisse couche de crasse. Ils offrent un effroyable spectacle, surtout pour ceux qui portent des vêtements clairs, ou des chaussures glissantes. Tout le monde est d'accord pour qualifier les lieux en station de bus abandonnée, qu'en gare routière. La station n'est rien moins qu'un bourbier, où s'entremêlent des détritus en tout genre, dont des tessons de bouteilles d'alcool, jonchant le sol, témoignant de beuveries et autres soirées arrosées. Cet endroit s'est, bel et bien, transformé en repaire pour les voleurs, les désœuvrés et les prostituées, qui rodent dans les parages pendant la journée, pour s'installer en maîtres des lieux une fois le jour parti. Etant dangereux, le lieu est infréquentable la nuit. « Les policiers en faction le jour ne peuvent, selon un des leurs, réguler le trafic et assurer, à eux seuls, la sécurité de milliers de citoyens qui empruntent ce point de passage ». La nuit, même les cars ne rentrent pas. Ils déposent les voyageurs aux barrages de polices, situés à l'entrée de la ville. Les voyageurs sont obligés de se taper deux, voire trois, kilomètres à pied, quelque soit le temps pour arriver en ville et prendre un taxi. Le problème de la construction d'une gare routière dans la ville de Bordj Bou-Arréridj se pose avec beaucoup d'acuité. Le choix du terrain a toujours constitué la justification des pouvoirs publics pour ne pas avouer leur manque de volonté de régler, radicalement, le problème de la gare routière, dans une ville qui voit affluer, chaque jour, des milliers de voyageurs. Il a fallu attendre une vingtaine d'années pour que l'on daigne, enfin, trouver un terrain sur lequel devait être construite cette gare. Mais, là aussi, deux problèmes majeurs n'ont pas tardé à créer, encore une fois, le doute. Le premier réside dans le retard du lancement du projet, malgré l'engagement du wali. Aucune explication concrète n'est donnée par le premier magistrat de la wilaya concernant le retard dans le lancement du projet de construction d'une gare routière prévue à Boumergued, l'entrée est de la ville, dès le début de l'année 2008. En attendant, les bordjiens et les passagers prennent leur mal en patience.