A l'issue de cette rencontre qui s'est tenue à huis clos, M. Christopher Ross a indiqué qu'«aucune des deux parties n'a accepté la proposition de l'autre comme base unique pour les négociations à venir». Des propos d'un fin diplomate qui renseignent, on ne peut mieux, sur la difficulté à appliquer le droit international sur une question de décolonisation inscrite dans les textes de l'ONU. M. Ross a souligné que les deux parties en conflit avaient réaffirmé leur engagement à poursuivre les négociations «dès que possible» et annoncé qu'il «effectuerait une visite dans la région» pour de plus amples consultations avec les parties en question, ainsi qu'avec l'Algérie et la Mauritanie, en tant que pays voisins et observateurs. Le prochain déplacement de Ross vise la préparation de l'éventuel tenue du cinquième round de négociations directes, sous l'égide de l'ONU, à Manhasset, entre le Front Polisario et le Maroc, en prévision de la tenue de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur le Sahara Occidental fin avril, date limite pour le renouvellement du mandat de la mission des Nations unies pour un référendum au Sahara Occidental (Minurso). Une réunion du Conseil de sécurité qui se tiendra aussi sur la base du rapport que présentera M. Christopher Ross depuis sa nomination au poste d'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara Occidental. Indiquant que les discussions de cette seconde réunion informelle entre le Front Polisario et la délégation marocaine «se sont déroulées dans une ambiance de dialogue sérieux, franc et dans le respect mutuel», le fin diplomate n'a pas manqué de rappeler que le «conflit du Sahara Occidental, vieux de 35 ans». Des propos qui renseignent sur l'accointance de certaines puissances étrangères siégeant au Conseil de sécurité, à l'image de la France, avec le colonisateur marocain. Concourant depuis 35 ans à renvoyer au calendes grecques l'application du droit international suite au manquement de l'Espagne à ses obligations d'assurer le parachèvement du processus de décolonisation au Sahara Occidental et ouvrant la voie à la colonisation marocaine. C'est dans ce sens que le ministre marocain des Affaires étrangères, Tayeb Fessi Ferhi, a inscrit ses propos en déclarant que «le Polisario présente la même proposition depuis des années». Des propos reflétant l'obstination de Rabat à ignorer le droit international et à légitimer son occupation sur la base de ses relations internationales et le soutien de la France. Il est à noter que la résolution 1871 du Conseil de sécurité de l'ONU «demande aux deux parties (le Maroc et le Polisario) de poursuivre les négociations sous les auspices du Secrétaire général, sans conditions préalables et de bonne foi, (…) en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui mène à l'autodétermination du peuple sahraoui». La tenue, durant deux jours, de la réunion informelle de Westchester entre le front Polisario et le Maroc, rendue possible par les efforts de Christopher Ross, et sans résultats notables, était prévisible pour bon nombre d'observateurs. Cela d'autant plus que cette réunion n'a pas enregistré de signes d'apaisement de la part de Rabat qui persiste dans les arrestations et les procès irréguliers à l'encontre des Sahraouis des territoires occupés. Une situation d'atteinte aux droits de l'Homme qui sera sans nul doute abordée dans le rapport de Christopher Ross. Par ailleurs, le Front Polisario dénonce, dans un communiqué, «l'intransigeance» du Maroc lors de ces discussions informelles, tout en réaffirmant «son engagement à poursuivre les négociations» pour arriver à une «solution juste du conflit» respectant les droits «inaliénables du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance».