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Une grande figure de la littérature anglaise (I)
Charlotte Brontë (1816-1855)
Publié dans La Nouvelle République le 14 - 07 - 2010

Troisième fille, au sein d'une famille de condition modeste qui compte six enfants, Charlotte Brontë était née le 21 avril 1816 à Thornton (dans le Yorkshire, Angleterre) et est morte le 31 mars 1855.
La jeunesse d'une grande écrivaine
Charlotte Brontë avait bénéficié, comme ses quatre s?urs et son frère, de la présence d'un père qui avait poussé ses études classiques jusqu'à l'Université de Cambridge, et qui n'avait pas hésité à leur transmettre sa culture et sa vision du monde.
Elle connaît, cependant, très tôt, alors qu'elle était encore tout enfant, la mort de sa mère, puis de ses deux s?urs aînées, frappées par la tuberculose maladie très fréquente à l'époque.
Malgré sa condition de femme et son absence de moyens financiers, Charlotte Brontë réussit, cependant, à publier ses poèmes et ceux de ses sœurs (sous des noms d'homme), en 1846, et surtout, à publier Jane Eyre, qui devait rencontrer un succès considérable.
Elle est considérée, aujourd'hui, de par le monde comme l'une des romancières de langue anglaise les plus accomplies.
Charlotte Brontë naît, ainsi, dans un village proche de Haworth, où son père, Patrick Brontë, était pasteur. Sa mère meurt d'un cancer, en 1821, alors qu'elle venait d'avoir tout juste cinq ans.
En 1824, pour assurer leur éducation, les quatre filles aînées entrèrent comme pupilles à l'école de Cowan Bridge, recevant les enfants des membres du clergé peu fortuné, qui avait été recommandée à son père.
Dans cette école, pourtant de bonne réputation, les conditions de vie étaient difficiles, sans chauffage, avec une maigre nourriture préparée sans aucune hygiène, et presque immangeable. L'année suivante, ses deux sœurs, Maria et Elizabeth, étaient tombées gravement malades et en furent retirées, mais elles décèdent peu après à quelques semaines d'intervalle, au cours de l'année 1825. Charlotte et Emily, enlevées elles aussi à ce lieu malsain, retournèrent, finalement, dans leur village natal Haworth.
La perte de leurs deux sœurs sera pour les quatre enfants un traumatisme profond qui transparaît, notamment, dans l'œuvre de Charlotte, par exemple dans son formidable, Jane Eyre, où Cowan Bridge devient Lowood, la figure pathétique de Maria est représentée sous les traits de la jeune Helen Burns, la cruauté d'une maîtresse, Miss Andrews, sous ceux de Miss Scatcherd et, enfin, la tyrannie du directeur, le révérend Carus Wilson, sous ceux de l'odieux et suffisant M. Brocklehurst.
Charlotte se retrouve, alors, l'aînée des quatre enfants survivants. Les autres sont Branwell, Emily et Anne. Désormais, les enfants seront élevés par leur tante maternelle, figure un peu mystérieuse qui n'aura pas une grande influence sur Charlotte et Emily. Mais, surtout, une véritable symbiose littéraire et familiale va se créer entre les enfants très unis, par ailleurs.
En effet, stimulés par la lecture du Blackwood's Magazine que reçoit leur père, Charlotte et Branwell entament avec Emily et Anne une collaboration littéraire intense autour d'un pays imaginaire, la confédération de Glass Town, créant une quantité fabuleuse de récits, de pièces de théâtre, de journaux, de poèmes écrits en caractères minuscules. Ils peuplent ce monde d'une foule de personnages, tels que le comte de Northangerland (le cruel et perfide Alexander Rogue), ou le grand peintre Sir Edward de Lisle. C'est l'occasion pour les quatre enfants d'échanges d'idées et de connaissances intenses, et d'une stimulante rivalité intellectuelle qui devait leur être très bénéfique.
Puis, la jeune Charlotte est envoyée, une nouvelle fois, en pension, en 1831, mais cette fois dans un établissement de qualité, où elle nouera deux amitiés durables.
L'entrée dans la vie professionnelle est, pourtant, difficile pour la future grande écrivaine. Hantée par le besoin d'écrire, elle parvient, néanmoins, à peine à remplir ses fonctions d'institutrice dans son ancien pensionnat, puis de gouvernante chez des particuliers pour subvenir à ses besoins quotidiens.
Des tentatives de contact avec d'autres écrivains, notamment Robert Southey, qui lui déconseille l'écriture parce qu'elle est une femme, ne portent guère de fruits.
Séjour à Bruxelles
Avec en tête l'idée de créer son propre pensionnat de jeunes filles, Charlotte Brontë décide, enfin, de partir à l'étranger pour parfaire ses connaissances linguistiques. En 1842, elle se rendit à Bruxelles (Belgique), en compagnie de sa sœur Emily, au pensionnat Heger qui était dirigé par Mme Heger, la propriètaire elle-même. Elle devait commencer à subir l'ascendant du mari de celle-ci, érudit et pédagogue remarquable, qui n'avait que sept ans de plus qu'elle. La mort de leur tante devait contraindre les deux sœurs à rentrer à Haworth, où Emily avait décidé de se fixer définitivement. Charlotte, elle, retourna chez les Heger, qui lui avaient proposé un poste de maîtresse d'anglais dans leur établissement. Elle ne tarda pas à se trouver de plus en plus obsédée par M. Heger, le mari de la propriètaire des lieux, puis connaît une crise psychologique grave, et prit la décision de retourner, une nouvelle fois, au Royaume-Uni. De Haworth, elle écrira des lettres passionnées à son «maître», qui, après un ou deux échanges, prend la décision de cesser carrément la correspondance avec elle. Il faudra à Charlotte de longs mois pour se remettre de cette profonde déception qui l'avait particulièrement affectée...
(A suivre)


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