Le pays du Cèdre fait face à nouveau à des risques majeurs pouvant le conduire sur la voie de l'incertitude, avec de lourdes conséquences pour l'avenir. Les interrogations sur la véritable mission du Tribunal spécial sur l'assassinat du feu Rafik Hariri, installé par une résolution du Conseil de sécurité sont au centre de la tension politique actuelle entre les acteurs de la scène libanaise. Suite aux informations faisant état d'éventuelles convocations par le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) de membres de la résistance libanaise et à la décision du TSL, découlant de son incompétence juridique d'enquêter sur les faux témoins, la scène politique libanaise s'est embrasée, donnant libre cours à des déclarations et des contre-déclarations de la majorité et de l'opposition, dont l'impact sur le gouvernement d'union national conduit par Saâd Hariri n'est pas des moindres. La contribution libanaise, 49% du financement de la mission du TSL, selon la résolution du Conseil de sécurité, est refusée par l'ensemble de l'opposition libanaise, qui explique son refus d'assurer le financement du TSL par la situation critique du budget de l'Etat libanais, en plus des interrogations et des appréhensions quant au rôle réel du TSL au vu «du manque d'objectivité» constaté depuis son refus d'écouter les faux témoins qui ont orienté, durant près de deux ans, l'enquête de la commission internationale, «incriminant Damas dans l'assassinat du feu Rafik Hariri». Pour sa part, le responsable exécutif des forces libanaises, Samir Geagea, a soutenu que la contribution financière libanaise «devrait être automatique» à l'issue de son entretien avec l'ambassadrice des États-Unis, Maura Connelly, la semaine dernière. Ajoutant plus loin que s'y refuser au financement est «une opposition à la résolution du Conseil de sécurité». Il est à noter que quelques semaines auparavant la rencontre de haut niveau entre le Liban, la Syrie et l'Arabie saoudite a été un signe fort pour promouvoir la stabilité au pays du Cèdre. A ce propos, Walid Jamblatt, leader politique influent sur la scène libanaise, a averti quant à lui des risques majeurs que peut engendrer l'absence de dialogue constructif entre Saâd Hariri et Hassen Nasralah sur la question du TSL. «Il est impératif que, pour prémunir le Liban, le dialogue entre ces deux hommes se tienne», tout en avertissant que «toute dérive mènera le pays à sa perte». Cela étant, les acteurs politiques de l'opposition ainsi que Walid Jamblatt ont souligné que la chute du gouvernement de Saâd Hariri ne figure nullement dans leurs objectifs, d'autant plus que sa formation été le fruit du dialogue des acteurs politiques libanais à Doha, au lendemain de l'agression militaire israélienne et la crise suscitée par le refus du gouvernement Seniora. Si depuis quelques semaines le pays du Cèdre vit au rythme des tensions politiques suscités par le TSL, il va sans dire que toute instabilité dans ce pays est profitable à Israël, du moment où celui-ci constitue son unique menace.