En l'espace de 6 mois, le prix de la viande ovine a pratiquement doublé passant ainsi de 400 DA, au mois de mai de l'année écoulée, à plus de 800 DA cette semaine. A titre indicatif, les bouchers du marché des Aurès (ex-La Bastille) affichaient, hier, 860 DA le kilo de viande ovine, au tout venant. Au même moment, certaines boucheries affichaient 900 DA comme c'est le cas de celles d'Aïn El-Turk. Même par rapport à la période de l'Aïd, où la demande était particulièrement forte, cette envolée des prix est considérée par les bouchers comme étant un pic rarement égalé. Sur les raisons de cette hausse inhabituelle, tous s'accordent à dire que l'offre a sensiblement diminué en raison de l'attitude des éleveurs à garder leurs troupeaux intacts, vu qu'ils sont composés essentiellement d'agneaux du fait qu'un nombre important de moutons a été écoulé durant l'Aïd El-Adha. Ceci est vérifiable au niveau des abattoirs d'Oran où les quelques maquignons, habitués des lieux, ne proposent que des agneaux dont le poids net n'excède pas les 15 kg et rares sont ceux qui proposent des bêtes dont le poids est au-dessus des 20 kg. Ces mêmes maquignons, apparemment, fixent les prix selon la demande et n'acceptent pas de marchandage et un agneau de 12 à 13 kg de viande n'est pas cédé au-dessous de 16.000 DA. Un petit calcul arithmétique nous donne un kilo en brut, à plus de 1.000 DA. Certes faisant gagner au boucher, notamment dans la vente de quelques organes prisés tel le foie dont le kilo est cédé actuellement à plus de 1.200 DA. Sur les raisons de cette flambée inattendue des prix de la viande ovine, aussi bien les bouchers que les maquignons, qui voient leur activité affectée, estiment qu'elle est injustifiée contrairement aux années précédentes durant lesquelles les éleveurs étaient contraints de payer cher l'aliment. «Or, pour cette année, cette explication ne tient pas la route, du fait qu'en plus de l'abondance des pâturages et des terrains de parcours, en raison d'une année particulièrement pluvieuse, viennent s'ajouter les différentes aides octroyées par les pouvoirs publics, via le soutien des prix de fabrication des aliments de bétail et ce, notamment par la suppression de la TVA. Une mesure initiée dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2008 et qui n'expire qu'à la fin de l'année en cours. Par conséquent, cette rareté du mouton n'est que le résultat de pratiques spéculatives de certains gros éleveurs qui préfèrent garder leurs agneaux et les engraisser pour les vendre ensuite au prix fort». Pourtant, toutes les dispositions annoncées durant l'année écoulée par le département ministériel de Rachid Benaïssa en faveur des secteurs de l'agriculture et de l'élevage ne présageaient par une telle hausse de certains produits de base, dont la viande fraîche, qui de par sa cherté est devenue un aliment de base et fait de l'Algérien un faible consommateur avec en moyenne annuelle de 7 kg, alors que l'Européen en consomme près de 100 kg. En plus du consommateur qui doit, une fois de plus, se consoler avec la viande congelée en espérant que son importation durera aussi longtemps que possible, le boucher voit son activité affectée en raison d'une demande en continuelle régression. Tout compte fait, si en période de grande consommation obligatoire, ce sont les maquignons qui sont montrés du doigt à la moindre flambée, cette fois-ci ce sont les éleveurs qui le sont.