Avec des statistiques en constante augmentation, la délinquance juvénile constitue une plaie sociale qu'il faut combattre à la source car les enfants constituent l'avenir de toutes les nations et si la prise en charge de ces délinquants n'est pas perçue de manière adéquate, la société en paiera les conséquences. Ceci se vérifie surtout en Algérie où, malgré l'absence de statistiques fiables et complètes, nous savons que le pourcentage de mineurs, filles et garçons, impliqués dans des affaires délictuelles ou criminelles avoisine les 10% et cette tendance va crescendo au fil des années. Donc, et afin d'éclairer autant les pouvoirs publics que les spécialistes ou même le simple citoyen, la faculté de droit de l'université Saad Dahlab de Blida a organisé, durant deux jours, les 8 et 9 mai courant, un séminaire sous le titre de «La délinquance juvénile». Plusieurs spécialistes de l'université de Blida et deux de celle d'Oujda (Maroc), des juristes et des représentants de services de police judiciaire ont participé à ce séminaire dont les principaux axes de réflexion ont été les causes de la délinquance juvénile, la responsabilité pénale du délinquant mineur, la police judiciaire et les mineurs, l'instruction et le jugement des mineurs et, enfin, l'application des peines. Ainsi, selon le Dr Saïd Youssef, le délinquant juvénile est «avant tout une victime que nous devons aider et assister et non un criminel comme le considèrent beaucoup de gens», qui ramène la délinquance des mineurs aux conditions de vie propres à chacun. Il affirma que nous devons revoir la majorité de nos règles de vie en commun, comme l'école, le code de la famille, le monde du travail et tout ce qui a trait à la vie en société, alors que la relation entre la police judiciaire et le mineur doit être règlementée dans ses moindres détails car c'est le premier contact de ce mineur avec la justice. Mais qui est le mineur et à quel âge le considère-t-on responsable (et à quel degré) de ses actes ? En Algérie, l'âge légal du mineur est défini par l'article 49 du CPP à 13 ans, c'est-à-dire que le délinquant âgé de moins de 13 ans ne subit que des mesures de protection pour les délits et uniquement un blâme pour les contraventions et, à partir de 13 ans, il est passible de peines allégées, même si elles sont privatives de liberté, mais toujours dans le but de le protéger et de le réorienter. Pourtant certains aspects du code de procédure pénale sont inadaptés par rapport à cet article puisqu'il n'est pas prévu une loi propre pour les mineurs en ce qui concerne l'enquête préliminaire par exemple. L'enquête est donc menée de la même manière que pour les majeurs. La durée de la garde à vue est aussi la même que pour l'adulte, ce qui pourrait porter préjudice à ce mineur. Le Dr Rami Halim rappelle dans un autre registre une directive interne de la DGSN datant de 1982 qui règlementait de manière précise le comportement du policier face au délinquant mineurs et lui donner des droits plus grands que ceux que comporte l'accord de Pékin de 2005, et s'étonne que nos législateurs veuillent appliquer ces accords alors qu'ils ont mieux chez eux. Revenant sur les causes de la délinquance juvénile, le même spécialiste propose qu'elles soient éradiquées à la source par l'institution de contrôles des endroits susceptibles de pousser le mineur vers la délinquance (bars et cafés, magasins de location de films DVD, cybercafés, etc.). Ainsi, on devra axer son action vers la prévention au sein de la famille et de l'école qui ont un rôle primordial à jouer.