Le secrétaire général du FLN, ministre d'Etat, Abdelaziz Belkhadem, s'est dit, hier, favorable à «une plus large mais prudente décentralisation». Le FLN vient d'organiser deux journées consacrées à ce thème à l'occasion de la tenue de son université d'été tenue à Zeralda. Un concept de décentralisation qui, selon le SG de ce parti, «n'est ni synonyme de déconcentration, ni de fédéralisme, ni encore moins de régionalisation mais un système qui donnerait plus de prérogatives aux élus locaux». «Au FLN, nous voulons aller à plus de décentralisation que ce qui a été consacré par le nouveau code communal», a déclaré M. Belkhadem qui s'exprimait lors d'une émission de la radio chaîne 3. La question est d'actualité d'autant plus qu'un projet de révision du code de wilaya est actuellement sur le bureau du parlement. «Nous voulons plus de prérogatives aux élus avec toutefois une mise sous tutelle visant un contrôle financier de la collectivité par l'administration», explique-t-il. «Il y a des manifestations dans les communes où il y a des protestations contre les élus locaux qui n'ont pourtant pas les prérogatives ou les moyens pour apporter des solutions. C'est clair : les communes sont sous budgétisées», a-t-il observé. Invité à réagir face au drame ayant coûté la vie à une femme qui s'est immolée à Oran, pour dénoncer son expulsion d'un logement, le SG du FLN estime que «sa revendication est certes légitime, mais la manière de faire est contestable». Sur le plan des réformes politiques actuellement en cours, le ministre d'Etat a réitéré la position de son parti liée à la révision profonde de la Constitution. «Le FLN milite pour une révision profonde de la Constitution visant à mieux définir les pouvoirs et constitutionnaliser le contrôle des pouvoirs politique, judiciaire et économique». Belkhadem dit être «contre» la vieille revendication du FFS et tout récemment du PT d'instaurer une Assemblée constituante. Son argument : «l'Assemblée constituante a déjà été instaurée en 1962 et c'est cette institution qui avait élaboré la première Constitution de l'Algérie indépendante. Nous sommes déjà passés par là». Interrogé sur la position de son parti sur la limitation des mandats présidentiels, M. Belkhadem affirme que cette question n'est pas tranchée au FLN. «Nous avons soumis cette question à débat au niveau de la base. Mais si vous voulez mon avis, je suis contre la limitation des mandats. Il faut laisser le choix aux électeurs de décider. C'est cela la démocratie», dit-il. Autre point évoqué : l'avant-projet de loi portant régime électoral qui est en discussion au parlement. M. Belkhadem a été notamment invité à commenter le projet d'article de loi qui oblige les ministres à démissionner avant de se porter candidats à un mandat électoral, trois mois avant la date du scrutin. «Une telle obligation n'existe dans aucune démocratie dans le monde», souligne-t-il comme pour afficher son opposition à un tel article. Le SG du FLN s'est aussi montré opposé à un autre article qui interdit à l'élu de quitter sa formation politique pour rejoindre une autre sous peine de déchéance. L'article consacre une déchéance «de plein droit de son mandat électif, tout élu qui aura rejoint, en cours de mandat, un parti politique autre que celui sous l'égide duquel il a été élu en qualité de membre de l'Assemblée populaire nationale, du Conseil de la Nation, d'une Assemblée populaire communale ou de wilaya ». Pour le SG du FLN, le législateur n'a pas à empêcher un élu de quitter, au cours de son mandat, sa formation politique pour rejoindre une autre car celui-ci n'a de comptes à rendre qu'à ses électeurs. «L'élu est mandaté par des électeurs, donc par le peuple», explique-t-il. Sur le plan international, M. Belkhadem estime que les révoltes qui secouent les pays arabes «sont une affaire interne et que seuls les peuples ont le droit de régler leurs problèmes entre eux, sans aucune ingérence étrangère». Le SG du FLN dit «respecter la volonté des peuples de prendre en charge leur destin et rejette toute ingérence ou intervention étrangère». Et de rappeler «la constance des positions de l'Algérie dans ce domaine, une constance basée sur le principe de non ingérence dans les affaires d'un pays étranger». Et de souligner que le droit international permet certes à la communauté internationale dont l'OTAN de protéger les populations dans ces pays, mais il ne donne nullement le doit de changer les régimes en place». Et d'affirmer que «l'Algérie aussi constitue une cible inavouée et privilégiée de certaines puissances qui cherchent à la déstabiliser». «Mais la conscience du peuple algérien a fait échouer de tels plans qui visent à déstabiliser le pays, allusion faite au mystérieux appel du 17 septembre dernier».