La rencontre qui devait réunir Abdelaziz Belkhadem, le secrétaire général du Front de libération nationale, avec Salah Goudjil, le coordinateur national du Mouvement de redressement et de l'authenticité, le MRA, n'a finalement pas eu lieu. «Elle a été reportée» dira Salah Goudjil, contacté par téléphone. Risque-t-elle d'être annulée ? Il répondra qu'elle est en suspens et qu'elle peut avoir lieu comme elle peut ne pas se faire. Censée faire le point sur la confection des listes de candidatures pour les législatives du 10 mai, cette rencontre a «sauté» parce que la «démarche n'est pas claire», expliquera notre interlocuteur qui s'interroge sur la stratégie adoptée par le SG du FLN qui a tenu secrète la composante des listes en lice pour la prochaine élection. Ce rendez-vous, que d'aucuns qualifient de dernière chance pour trouver un consensus autour de ces listes, n'aura certainement pas lieu puisque aujourd'hui, à minuit, est la date limite fixée par la loi pour le dépôt des listes électorales. Si Belkhadem a joué l'opacité pour éviter à d'éventuels mécontents de quitter le FLN pour se présenter sur une autre liste, comme cela a été expliqué par certains analystes, il n'en demeure pas moins, aux yeux de Salah Goudjil, que c'est une erreur politique. «Ce n'est pas une excuse valable pour ne pas rendre publiques les listes si les gens veulent quitter le parti parce qu'ils ne sont pas candidats alors ce ne sont pas de vrais militants», soulignera le coordinateur national du MRA qui réaffirme, derechef, la position de son Mouvement qui s'inquiète pour le parti et non pour les élections. «Les élections sont importantes mais ce n'est pas une fin en soi alors que le devenir du parti est plus important et le temps est en train de nous donner raison», ajoutera-t-il. Qu'en sera-t-il de la position du MRA après les élections ? «On doit tenir compte des résultats et si le FLN n'obtient pas la majorité, il faut en tirer les conséquences», estimera M. Goudjil pour qui la promesse faite par Belkhadem de démissionner en cas d'échec électoral reste toujours dans le domaine du verbiage. «Je ne crois rien du tout sauf au concret», commentera-t-il. Quant aux listes confectionnées au niveau du bureau politique, il dira que si elles vont dans le sens du principe sur lequel elles devaient être établies, il n'y aura pas de problèmes mais si d'aventure elles n'obéissent pas à cette démarche, la presse sera invitée pour une conférence où sera expliquée la position du Mouvement. Cette confection originelle des listes tient son principe dans l'association des deux courants flénistes avec une liste de chaque partie et après étude en finaliser une qui garantisse le maximum de chance pour l'emporter. Au cas d'un scénario catastrophique, Salah Goudjil rejette l'idée de la création d'un FLN-bis, promettant de faire de la résistance à l'intérieur même de la citadelle en donnant une légitimité aux structures du parti et en favorisant l'exercice démocratique en son sein. Rappelons qu'en octobre dernier, la conférence nationale des cadres tenue, à Alger, par le Mouvement national de redressement et d'authenticité, pour débattre des réformes politiques promises par le président de la République, a été perçue comme un véritable camouflet au SG du FLN. Les législatives de mai étaient attendues et appréhendées par la maison fléniste mais c'est, finalement, sur injonction du chef de l'Etat qu'Abdelaziz Belkhadem et Salah Goudjil se sont de nouveau mis autour de la même table dans l'objectif d'enterrer la hache de guerre et d'unifier de nouveau les rangs du parti.