Alors que la ville des saints de Tombouctou continuait à subir les profanations et les destructions qui se sont étendues à des mosquées jugées peu orthodoxes par les salafistes djihadistes, les membres d'Aqmi auraient miné les alentours du Gao et retiendraient les habitants dans la ville. L'information est donnée par le MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad) qui a été expulsé militairement de Gao après une nuit de combats. Selon cette source, c'est en prévision d'une opération que mènerait la Cédéao que les djihadistes d'Aqmi et du Mujao (qu'il devient de plus en plus erroné au vu des faits de qualifier de dissidence d'Aqmi) ont décidé de miner les alentours de la ville. Le MNLA affirme que la «population de Gao est dans une détresse humanitaire grave». Il y a probablement une part de propagande de la part du MNLA, des témoignages ayant montré que ses éléments n'étaient pas très populaires à Gao. Mais que les djihadistes aient entrepris de miner les entrées de Gao est une probabilité qui empêche le MNLA, lui-même, à essayer de reprendre la ville de Gao et de se replacer dans l'échiquier «simplifié» du nord du Mali. La force de la Cédéao de 3.300 hommes ne semble pas près d'aller au nord du Mali. Elle pourrait plus logiquement servir à rétablir la stabilité à Bamako et à contraindre la junte de passer réellement la main. Pour l'heure, les djihadistes, par leurs actes barbares contre le patrimoine de Tombouctou, créent un fort émoi au niveau international même si aucune réponse ne semble se profiler. Mais signe qui ne trompe pas sur ce qui pourrait se passer si Ançar Eddine poursuit sa funeste entreprise à Tombouctou, la procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, a qualifié les destructions de mausolées à Tombouctou (nord du Mali), de «crime de guerre» passible de poursuites de la CPI. «Mon message à ceux qui sont impliqués dans cet acte criminel est clair: arrêtez la destruction de biens religieux maintenant. C'est un crime de guerre pour lequel mes services sont pleinement autorisés à enquêter». LA MARGE ETROITE DE LA SOLUTION POLITIQUE A Tombouctou, les informations qui filtrent font état d'un climat de peur et confirment les actes de destruction qui sont menés aussi bien par les éléments d'Ançar Eddine que par les groupes terroristes djihadistes. La porte de la mosquée de Sidi Yaha, dont la construction remonte au 15ème siècle, censée rester fermée jusqu'à la fin du monde, a été brisée. En tout, selon les témoins, ce serait la moitié des 16 mausolées de Tombouctou qui ont été détruits. Les djihadistes agissent avec arrogance comme s'ils souhaitaient une intervention extérieure qui risque de se dessiner de plus en plus fortement à la faveur de leur escalade fanatique. On l'a vu avec la tentative du Maroc de prendre pied dans la région en essayant de mettre à profit l'indignation, réelle, de l'opinion internationale. Il reste que la marge d'action pour les seuls «pays du champ» a tendance à se rétrécir devant l'état de vacances étatiques au Mali, l'échec stratégique du MNLA et la montée en puissance des djihadistes. Ces derniers, en contrôlant le nord du Mali, créent un stress international à l'idée de voir une sorte d'Etat terroriste s'enraciner dans la région. Dans ce contexte, la voie diplomatique privilégiée par Mourad Medelci et son homologue malien, Sadio Lamine Sow, est des plus étroites. Les deux ministres ont fait état d'une convergence de vues sur la nécessité de privilégier une solution politique qui préserve l'unité nationale et l'intégrité territoriale du Mali. L'Algérie, qui a condamné la destruction à Tombouctou de sept mausolées sacrés qui font partie du site du patrimoine mondial, n'ignore pas que le temps de la solution politique n'est pas vraiment à l'horizon avec des groupes fanatisés et sans doute instrumentalisés.