La présence des réfugiés et des sans-abri est importante sur de nombreux sites centraux de la ville de Tlemcen (boulevards principaux, grande mosquée, mosquée de Sidi Brahim, grande poste, musée, palais d'El-Méchouar, El-Kissaria, marché couvert, Mechkana, Blass El-Khadem, Rhiba, Bab Wahran, les cerisiers, El-Medress ). Des regroupements apparaissent également dans des lieux moins centraux comme Bab Sidi Boumediene, la gare ferroviaire, El-Kalaa et El-Hartoun. Des regroupements sont aussi observés aux abords du boulevard des 24 mètres. D'autres moins importants se localisent près de la porte de Bab El-Khémis, palais de la culture, minaret de Mansourah et la gare routière, Haï Zitoune et même le plateau de villégiature de Lalla Setti. Globalement, les sites les plus fréquentés correspondent soit à des axes de grand passage, propices à l'exercice d'une vie sociale et à la mendicité, soit à des sites retirés qui offrent un certain isolement tout en restant peu éloignés des quartiers animés. Il faut dire que les personnes rencontrées connaissent les conditions de vie les plus précaires marquées par la vie à la rue, l'errance, le squat ou l'hébergement sur de très courtes périodes. Diverses personnes sont rencontrées : des personnes marquées par l'usage de l'alcool, des toxicomanes, des jeunes évincés du domicile familial. Mais, ces derniers mois, ce phénomène a pris de l'ampleur surtout avec la venue de dizaines de migrants syriens et subsahariens qui ont aussi un fort impact. Mais, cette situation de réfugiés est apparemment un sujet qui ne semble pas préoccuper la direction de l'action sociale de Tlemcen, ou du moins ne fait pas partie pour le moment de son programme de travail. Aucune étude n'a été effectuée pour le moment par ces services sociaux pour dresser un panorama de la présence de ces personnes qui ne disposent d'aucun lieu couvert pour se protéger des intempéries (pluie et froid), et dorment à l'extérieur (dans la rue, sous un pont, aux abords des gares, dans un jardin public) ou qui occupent un abri de fortune comme une cave, un coin formé par des murs de clôture, une cage d'escalier, un hall de gare routière ou ferroviaire sur le territoire de la ville de Tlemcen. Encore plus, aucune action n'a été développée dans leur direction. Pire, la DAS, censée apporter secours et assistance à ces «naufragés de la tragédie humaine», ne dispose même pas d'un état des connaissances disponible qui inclue les principales données de géographie sur la population des sans-abri ainsi que les statistiques générales, pour pouvoir engager un vaste dispositif de soutien humain, matériel et social. Hormis quelques actions, çà et là, d'honnêtes citoyens pour tenter de toucher les sans-abri en cette saison hivernale difficile, en distribuant couvertures et boissons chaudes, cette administration d'action sociale, enfermée dans son milieu, se terre et ne participe même pas à l'aide à ces personnes fragiles qui arrivent en masse pour s'installer dans la rue. A la tombée de la nuit, des familles entières dorment dans la rue avec leurs nourrissons se recroquevillant sur des guenilles en guise de couvertures, dans l'attente du jour. «Le nombre de réfugiés a augmenté, c'est certain. On ne peut pas encore parler de catastrophe humanitaire, mais la situation est bien plus grave qu'avant», explique un professeur d'université en sociologie interrogé sur ce sujet. N'existe-t-il pas un service humanitaire, ou un service social pour venir à leur aide en période hivernale ? Où est le SAMU social ? Cette structure représente en quelque sorte pour les plus démunis le dernier rempart face à la misère. Comment peut-on laisser des nourrissons affronter le froid glacial qui sévit ces derniers jours dans la rue ? Pourquoi ne dispose-t-on pas de centres d'accueil d'urgence ? Ailleurs, les villes de l'Occident ont bonne réputation en terme de soutien aux démunis durant la période hivernale. Il y a les services sociaux aidés par des volontaires ou d'associations caritatives qui sillonnent en pleine nuit les rues pour éviter des drames humains. Avec des profils très différents, certains volontaires sont étudiants, d'autres salariés ou encore retraités. Mais tous ont un point commun : ils sont bénévoles et donnent, une soirée par semaine, leur temps pour ces couches défavorisées. Ils leur apportent nourriture et réconfort. En plus, il y a le SAMU social qui ratisse la ville tout au long de l'année. L'islam n'invite-t-il pas à l'aide aux plus démunis et à la solidarité ?