Des dizaines d'avocats du Tribunal Abane Ramdane' à Alger, ont tenté, hier, d'improviser une marche vers l'Assemblée populaire nationale (APN), en scandant Non au 5e mandat'. Les avocats, vêtus de leur robe noire, ont été toutefois empêchés par des policiers de battre le pavé en les bloquant juste devant l'entrée du Tribunal. «Respect de la Constitution», «Pacifique, pacifique», ou encore «La défense veut le respect de la Constitution» étaient quelques slogans clamés, à gorge déployée, par ces avocats, sous les youyous stridents de femmes de passage devant le Tribunal. Devant le refus des services de sécurité de les laisser manifester, les avocats ont brandi l'emblème national en criant «Algérie libre et démocratique», «république et non monarchie» mais aussi des slogans qui appellent à l'indépendance de la justice. Sur place, un représentant des avocats en robe noire a déclaré que les avocats ont organisé la manifestation pour exiger le respect de la Constitution. «Nous sommes contre tous ceux qui piétinent la Constitution», a souligné cet avocat qui a tenu à préciser que les avocats font, également, partie du peuple. Il faut savoir que les services de sécurité n'ont pas quitté les principales artères de la capitale après les marches de vendredi 22 février. En effet, à titre d'exemple, sur le boulevard Mohamed V, de nombreux fourgons cellulaires de la police mais aussi des chasse-neige et des camions à eau sont stationnés pour parer à toute éventualité. Même si le dispositif a été partiellement levé après la marche organisée par le mouvement Mouwatana', dimanche dernier, il n'en demeure pas moins que la police est sur le «qui-vive». Depuis vendredi dernier, il y a une sorte de tension qui plane, en particulier, après les déclarations du coordinateur du FLN, Moad Bouchareb, qui avait qualifié les contestataires de «rêveurs». Les déclarations du secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, qui avait menacé, également, les opposants au 5e mandat de revivre le chaos des années 1990, ont contribué à la montée de la colère des citoyens. Sur les réseaux sociaux les deux personnages ont eu droit à un chapelet d'insultes de la part des internautes. Ahmed Ouyahia, le Premier ministre, a tenté hier de corriger le tir, en soutenant que les gens ont le droit de manifester pacifiquement et d'être contre un candidat à la présidentielle, mais le discours ne convainc nullement. Car aussitôt après ces déclarations devant les députés, de nombreux internautes ont réagi en critiquant, sévèrement, Ahmed Ouyahia. Enfin il est utile de rappeler qu'une autre marche est prévue également, aujourd'hui mardi, dans la capitale. Initiée par les étudiants, la manifestation devrait s'ébranler à partir de la Grande Poste. Pareillement à la marche, des rassemblements devraient avoir lieu à travers toutes les universités algériennes. Le seul mot d'ordre arrêté par les étudiants est le refus du 5ème mandat.