Pour le second vendredi consécutif, les Algériens sont sortis dans la rue confirmer qu'ils veulent autant un changement politique radical, à travers le rejet du 5ème mandat, ensuite de reprendre la main sur leur destinée. Au-delà de cette éruption populaire, les Algériens ont montré un bel enthousiasme à exprimer de manière pacifique, civilisée et citoyenne leurs revendications, leur profond désir de prendre le train de l'histoire et de décider eux-mêmes de choisir leurs dirigeants. De la manière la plus pacifique qui soit et de la façon la plus citoyenne, celle de dire d'une manière civilisée les choses par leur nom. Il est révolu donc le temps des peurs et des menaces, des intimidations paralysantes de la volonté populaire d'un changement sain et en douceur. Avec l'assentiment, sinon le soutien politique des partis et la mobilisation des organisations de la société civile. La puissance d'un peuple qui sait où il va, comment y parvenir et avec quels moyens concrétiser ses objectifs, c'est ce que nous sommes peut-être en train de vivre à travers ces moments historiques avec ces marches contre le 5ème mandat. Evidemment, l'instant est solennel, non dénué de menaces et de dangers contre un mouvement général de la société algérienne vers un changement de gouvernance qui n'a que trop tardé. Même s'il est peut-être utile de dire, à la décharge de tout un peuple, qu'il a été sevré ces deux dernières décennies par des déclarations lénifiantes et décourageantes, sinon à menacer le pays du pire chaos en cas de persistance des manifestations de protestation contre le pouvoir. Cela a duré le temps qu'il faut, mais, aujourd'hui, l'obligation faite à tout un peuple de rester dans l'humiliante position de «moutons» ne passe plus. C'est cette clairvoyance qui a manqué au pouvoir dans l'appréciation des soudains changements intervenus au sein de la société algérienne avec l'annonce d'un 5ème mandat du président Bouteflika. Les décideurs, ceux qui gèrent le pays, n'ont pas su décrypter, encore moins voir venir cette éruption de la colère de la rue algérienne. Maintenant, il faut faire la part des choses et se demander que faire devant une situation politique inédite : les Algériens refusent un 5ème mandat à un président âgé et, plus que tout, veulent décider eux-mêmes de leur avenir, au-delà de toute tentation de les embrigader dans des chemins tortueux que proposent ceux qui leur refusent d'être enfin adultes et maîtres de leur destin. Pour autant, la prochaine élection présidentielle, si elle a le mérite d'avoir fait sauter le «bâillon» qui empêchait les Algériens de s'exprimer, qui les terrorisait, est une aubaine pour que le changement dans le mode de gouvernance du pays intervienne maintenant, avec des candidats qui sauront relever le défi de rendre aux Algériens leur liberté et leurs «indépendances». Et, plus que jamais, l'urne départagera en toute transparence les programmes électoraux des uns et des autres, loin de toute tentation d'autoritarisme, ni de retour en arrière. Les marches et autres manifestations de protestation contre le 5ème mandat sont également à décrypter comme étant des remparts humains infranchissables pour ceux qui seraient tentés de détourner la volonté populaire d'un changement politique radical, en douceur. Et qui serait le signe évident de la maturité politique des Algériens.