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Carnet de voyages - Lettre des états-Unis d'Amérique : Le Pacifique (Oregon, Washington)
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 18 - 07 - 2021

À partir de Los Angeles, on monte la côte occidentale vers le nord, l'Océan Pacifique nous accompagne à notre gauche. En Floride, sur l'Atlantique, à l'autre bout du pays où nous avons commencé notre voyage, la frontière entre la nature et les espaces humains est souvent floue : les lézards infiltrent les maisons, les structures en béton et métal aident à accéder aux fleuves. Ici, sur le Pacifique, la distinction me semble plus nette, chaque domaine est respectueux de l'autre. À Monterrey, un beau square entouré de restaurants ; un peu plus loin, des phoques tachetés s'allongent sur les rochers. À Oregon, à la différence de la Californie, où les constructions privées sur bord-de-mer sont nombreuses, la côte entière est du domaine public depuis 1967, grâce aux efforts du gouverneur à l'époque, Tom McCall. Sur la plage vierge près deTillamook, il est ainsi possible d'apprécier la splendeur du Pacifique sans obstruction. Cet océan sauvage a une vaste échelle, des énormes roches magmatiques saillissent de la terre. Un ruisseau coule de l'intérieur et rejoint l'océan devant nous, la boucle du cycle de l'eau bouclée.Sur les plages d'Oregon, le vent siffle—ce n'est que dans les creux des dunes de sable que tout est immobile.
Le lendemain, en marchant vers le camping-car après nôtre déjeuner dans un petit restaurant de fruits-de-mer, on aperçoit un phénomène devenu de plus en plus familier. On l'avait vu en Floride :une maison entièrement couverte de drapeaux et de panneaux pro-Trump. L'alarmisme de l'extérieure de ce domicile est incongrue devant les alentours du village endormi. Nous reprenons la route vers le nord, à travers des territoires vides, on voit un bâtiment sporadique par ici et par là. L'épidémie des opioïdes sur ordonnance—résultat de la sur-prescription incitée par le système d'assurance maladie privée—ainsi que de l'héroïne et de l'amphétamine, ont ravagé plusieurs de ces endroits dans les dernières années. On s'arrête dans un centre commercial prêt de la ville de Portland, pour que mon ami puisse faire quelques achats avant de sortir de l'Oregon, car il n'y a pas de taxe de vente ici.On traverse la frontière vers l'Etat de Washington.
Seattle, ville pacifique, un village étendu dans un grand espace. Mais aussi ville perdue dans un coin oublié du pays. J'écoute mon ami, qui a grandi dans cette ville, discuter avec son ami, qui nous a rejoints pour faire un tour en voiture. Ils parlent du caractère de leur ville. «Seattle attire des personnes un peu bizarres, c'est-à-dire, celles et ceux qui font leur truc.»À Seattle se retrouve calqué une deuxième Seattle, celle des personnes venues pour le buzz : «Ils adorent Pike Place, mais ils détestent le climat pluvieux, sans reconnaitre qu'à Seattle, tout ça va ensemble.» Au marché Pike Place, donc,on voit les petits magasins d'une authenticité cultivée pour les touristes ; on y trouve aussi parfois un endroit avec une clientèle locale, commela poissonnerie où nous achetons du saumon fumé. Sur la rue opposée, se trouve le premier café Starbucks au monde, avec une queue interminable devant. L'entreprise Microsoft est basée ici, et Amazon est récemment arrivée, attirant avec elle des dizaines de milliers de travailleurs. Comme beaucoup de villes du Pacifique, l'industrie technologique s'enracine, avec ses promesses d'emplois qui satisferont les besoins spirituels du travailleur, en échange du travail infini.Le siège d'Amazonse trouve dans un bâtiment en forme de trois sphères en verre, remplis de flore diverse et des restaurants bio. Ce n'est pas encore au niveau San Francisco, mais avec le prix croissant de l'immobilier, pour certains le risque d'une ville de «techies» riches, et de sans-abris se présente déjà à l'horizon.
Je n'avais jamais vu une grande partie du pays avant de le traverser jusqu'à ici. A partir de l'Arkansas, tout m'était nouveau. Pourtant, sans même n'avoir vu ni le désert ni l'Océan Pacifique, j'ai toujours eu une idée de ce qu'était ce pays, une image complète dans ma tête qui émerge au moment qu'on évoque «les Etats-Unis». D'où vient-elle cette image ? L'éducation civique, les films, la littérature, et, bien sûr, les médias journalistiques. Ce voyage, c'est une image entièrement différente du pays. Et au moment où il y a ces deux images, on peut les mettre côte à côte. Titre dans le Washington Post, 16 février 2021 : « Le réseau électrique du Texas hors d'usage parce que ces opérateurs ne se sont pas préparés pour le froid hivernal » ; on a vu des kilomètres de turbines dans l'espace vide, opérées par des compagnies d'électricité privées à la recherche de profit. Quelques traces des graffitis anti-police demeurent à l'extérieur du commissariat à Seattle, centre d'une zone occupée par des militants lors des manifestations «Black Lives Matter» ; les images d'ici et d'une zone similaire à Portland se projetaient continuellement à la télé pendant l'été dernier. Ainsi, on observe que les médias font plus que de documenter la réalité du pays ; ils la créent. Le «grand mensonge» -l'idée que Trump a vraiment gagné les élections—répété par le parti républicain et certains médias de droite, trouve une manifestation concrète dans les drapeaux trumpistes des maisons à travers le pays. Je vous ai donné qu'un bref portrait du pays à travers ce voyage, et en lisant les journaux je comprends que certaines choses ont déjà changé. À Los Angeles, comme ailleurs, on essayait d'oublier le Covid-19. Avec l'arrivé du variant Delta ces derniers jours, la ville vient de réimposer le masque.
Cependant, en voyageant par la route, on réussit aussi à échapper aux troubles du moment qui apparaissent dans les journaux. On contemple, pendant des heures ininterrompues, nos alentours. On voit le paysage évoluer, les villes commencer et terminer. On voit comment sont les gens en les observant, en leur parlant. Et quand, par ici et par là, on remplit l'image abstraite des Etats-Unis avec ces quelques observations concrètes, l'image se complexifie. C'est un drôle d'effet : même si je comprends mieux les détails, les Etats-Unis, vu dans son entier, me sont toujours flous.
À Seattle, pour se repérer, il suffit de chercher les montagnes : les montagnes Olympiques à l'ouest, Mont Adams et Mont Rainier au sud-est. Cette dernière, visible par sa neige blanche suspendue dans les nuages lointaines, veille sur le baie Puget. C'est de là que l'on part, le lendemain, pour l'ile de San Juan, à la frontière du Canada. Dans un bateau d'excursion, on voit un épaulard, sa nageoire dorsale projetée deux mètres en l'air avant de se submerger à nouveau. De la Floride jusqu'ici, c'est plusque 5.500 kilomètres. Notre voyage est arrivé à sa fin.


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