C'est dans un contexte de crises diplomatiques entre le Maroc et ses voisins, plus que jamais plombé par une vision unilatérale de la partie marocaine, qui ne laisse aucun espace à la négociation, et qui conditionne son adhésion à tout dialogue sur le dossier du Sahara occidental, que l'envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, a entamé, samedi, une visite de deux jours aux Camps de réfugiés sahraouis. Dans le cadre d'une série de visites dans la région, l'émissaire onusien devait se rendre aux camps de réfugiés sahraouis, le vendredi 2 septembre pour rencontrer les dirigeants du Front Polisario, selon une déclaration du porte-parole de l'ONU, Eri Kaneko, mais comme on peut le constater, la visite en question a été retardée d'une journée. Les causes de ce léger décalage de cette visite de M. de Mistura, qui n'ont pas été expliquées, n'ont pas perturbé pour autant le programme de la visite de M. de Mistura, qui prévoit une rencontre avec la délégation sahraouie chargée des négociations, la direction sahraouie, des membres des délégations du Parlement et du Conseil consultatif. Effectivement, l'émissaire onusien a eu à rencontrer, en premier lieu, la délégation chargée des négociations, composée de la ministre de la Coopération sahraouie, Fatima al-Mahdi et du représentant du Front Polisario à l'ONU, Dr. Sidi Mohamed Omar, et dirigée par le responsable de l'Organisation politique au Front Polisario, Khatri Addouh. Le diplomate italo-suédois, arrivé à l'aube dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, avait également rencontré auparavant un groupe de jeunes et de femmes sahraouis, selon l'Agence de presse sahraouie SPS. Alors qu'il doit rencontrer, aujourd'hui dimanche, au terme de sa visite, le président sahraoui, SG du Front Polisario, Brahim Ghali. «Comme il l'a indiqué au début de sa visite, l'émissaire a toujours hâte de pouvoir approfondir les consultations avec toutes les parties concernées sur la perspective de faire avancer, de façon constructive, le processus politique au Sahara occidental», avait souligné la porte-parole de l'ONU. Rappelons qu'en janvier, l'envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura avait effectué sa première visite dans la région depuis sa nomination en octobre dernier, sur fond de réaffirmation du Front Polisario de sa position en faveur d'une solution politique basée sur un référendum d'autodétermination. Après avoir entamé son périple au Maroc, l'une des deux parties au conflit, le 13 janvier dernier, le diplomate italo-suédois, dont la principale mission est de relancer le processus politique au Sahara occidental, s'était rendu dans les camps de réfugiés sahraouis, les 15 et 16 du même mois, où il a rencontré plusieurs responsables du Front Polisario, seul représentant légitime du peuple sahraoui. Les responsables sahraouis avaient notamment réaffirmé leur attachement à «l'indépendance nationale totale», soulignant que «le référendum demeure une solution médiane acceptable». Le Maroc met les bâtons dans les roues de la mission onusienne En juillet, le Front Polisario avait fermement dénoncé l'interdiction par l'occupant marocain à M. de Mistura d'effectuer sa première visite dans les territoires sahraouis occupés, et déploré l'»absence totale d'une volonté politique de Rabat de s'engager de manière constructive» dans le processus de paix parrainé par les Nations unies au Sahara occidental. De son côté, l'envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb, Amar Belani, avait qualifié la décision du diplomate italo-suédois, qui a annulé son déplacement dans les villes sahraouies occupées, d' «honorable». «Les raisons sont évidentes et connues. Après avoir été très réticentes à organiser cette visite dans les territoires sahraouis occupés, les autorités marocaines ont voulu imposer à M. De Mistura des interlocuteurs fantoches dont des colons déguisés en «élus» ou d'organisations vassales et satellites, à l'instar du fameux CNDH (Conseil marocain des droits de l'Homme, ndlr)», avait déclaré M. Belani, faisant remarquer que la décision de De Mistura l'«honore et mettra la pression sur le Maroc». Un porte-parole de l'ONU relèvera à ce propos que de Mistura a décidé de ne pas procéder à une visite au Sahara occidental pendant son voyage, «mais il espère le faire lors de prochaines visites dans la région». Concernant la pseudo «initiative d'autonomie» proposée par le Maroc, figurant dans le communiqué sanctionnant l'entretien de De Mistura avec le ministre des AE marocain, l'ambassadeur Belani avait indiqué que cette démarche n'est qu' «une position dogmatique et éminemment obstructionniste qui a été pensée et conçue pour faire perdurer le statu quo actuel».