«Compte tenu des réalités géopolitiques et des enjeux géoéconomiques qui marquent l'Algérie et le monde entier, il était important d'avoir aujourd'hui une compétence et une personnalité qui maîtrise à la fois la dimension diplomatique et la dimension managériale au niveau interne», Hadef Abderrahmane, expert en géoéconomie à propos de la nomination de Nadir Larbaoui comme Premier ministre. Pouvoir d'achat, investissements, numérisation, exportation font partie des dossiers qui attendent le nouveau Premier ministre. Larbaoui est engagé dans un «sprint» jusqu'à la présidentielle de l'année prochaine et devra redoubler d'efforts pour « finaliser l'œuvre présidentielle» a été jusqu'à écrire un quotidien. Ce qui nous amène à parler de «finish en beauté» ! Ceci étant dit, sur quel gouvernement va s'appuyer Abdelmadjid Tebboune pour achever ce qui reste de ses 54 engagements électoraux ? On n'en sait rien pour l'instant, si ce n'est les quelques bribes lâchées par le président qui a évoqué l'idée d'«un gouvernement de compétences». Ce qui est avéré, c'est que ce gouvernement-ci aura un mandat limité à la gestion des affaires du pays, jusqu'à la tenue des prochaines élections présidentielles de 2024. Au delà des nouvelles personnalités qui doivent composer ce gouvernement idéal, l'Algérie, selon les experts, a déjà besoin aussi d'une nouvelle structure gouvernementale. A savoir se doter de 10 ministères uniquement et de 15 secrétaires d'Etat, et ce, afin de réduire les dépenses onéreuses qu'impose l'actuelle lourde machine bureaucratique. Il est par exemple suggéré de créer des super ministres regroupant plusieurs portefeuilles comme le ministère de l'Economie qui regroupera un secrétariat à l'Industrie et l'Investissement et un autre dédié au Commerce au lieu de laisser ses secteurs dans deux ministères différents. Mais sinon quid du profil des ministres ? Le président de la République et son Premier ministre vont-ils par exemple : 1. encore une fois, puiser dans le corps des walis ? Est-il besoin de le rappeler, ils n'ont pas été pour un certain nombre d'entre eux dignes de la confiance placée en eux, à voir globalement leurs bilans et pas que ! De là à prétendre que la filière des walis reste, malgré tout, un vivier de compétences malgré leurs échecs successifs, c'est aller vite en besogne ! Continuer de les affubler du titre de «technocrates» alors qu'ils ne sont que des grands commis de l'Etat qui ont, pour la plupart, «touché à tout», sans être pour autant des experts dans un domaine précis. 2. faire confiance aux technocrates ? Rappelons justement que et dès l'annonce de la formation ministérielle de Abdelmadjid Tebboune, Premier ministre d'alors, les observateurs se sont précipités à parler d'un «gouvernement de technocrates». Evidemment, ce n'était pas vrai, même si certains ministres pouvaient s'en revendiquer. Rappelons, pour la bonne compréhension, que dans un gouvernement de technocrates, ce sont ces derniers qui décident de tout et restent impuissants devant les problèmes de société ! L'idée d'une technocratie demeure pourtant hypothétique, même si des nations ont, par le passé, été considérées comme soumises à une forme de gouvernement d'experts. Pour fermer la parenthèse, «le phénomène semble aussi facile à expliquer que la théorie de la relativité d'Einstein», expliquait un politologue. 3. s'en remettre aux «rares» partis politiques qui l'auraient soutenu dans sa campagne pour former son gouvernement ? Mais sinon, un gouvernement politique à 100% est-il envisageable pour les 13 mois qui nous séparent de l'échéance présidentielle ? Opter pour un gouvernement exclusivement politique, une équipe de spécialistes indépendants, ou une formule mixte, c'est-à-dire un cabinet techno-politique appelé à contenter à la fois, si cela est possible, les milieux politiques, les investisseurs et entrepreneurs honnêtes, c'est aussi une autre possibilité qui échoit au président de la République. Bref, autant de questions qui préoccupent les observateurs de la vie politique étant entendu que la désignation de Nadir Larbaoui en qualité de Premier ministre, élimine tout suspense quant à celui qui conduira l'Exécutif, contrairement aux ministres qui composeront son staff. Ce dernier semble cocher toutes les cases requises pour la fonction, à savoir : 1. une forte personnalité et un esprit indépendant (l'un ne va pas sans l'autre); 2. une intégrité morale au-dessus de tout soupçon; 3. une connaissance intime des questions économiques, sociales et financières; 4. une grande capacité à mobiliser les ressources humaines auxquelles il devra s'adosser pour achever ce qui reste des 54 engagements électoraux du président Abdelmadjid Tebboune. Beaucoup l'espèrent, croyant dur comme fer que ce binôme «Tebboune-Larbaoui» mènerait le pays à bon port dès lors qu'ils auraient aussi en commun la même vision d'une économie plutôt libérale et aussi la volonté ferme de lutter contre la corruption et de rapatrier, coûte que coûte, l'argent détourné par les oligarques véreux et les délinquants «en col blanc» qui étaient au pouvoir ! Ainsi, Abdelmadjid Tebboune s'attellerait à redonner davantage de respect pour la fonction de président de la République qu'il n'y avait plus autrefois ! Quant à Nadir Larbaoui, il se fera un devoir de remettre du mouvement dans le retard qui a prévalu ces derniers mois dans la mise en œuvre des décisions et des orientations prises lors des précédents conseils des ministres !