A la veille du 100e jour de l'agression israélienne contre Ghaza, le bilan s'est élevé à 23.843 martyrs et 60.317 blessés, a annoncé samedi le ministère de la Santé, précisant qu'il existe encore plus de 7.000 martyrs «sous les décombres et sur les routes que les ambulances et les équipes de la protection civile ne pouvaient pas atteindre dans différentes parties de la bande». Le bilan de la seule journée de vendredi s'est élevé, selon la même source, à 12 massacres de l'armée israélienne faisant 135 martyrs et 312 dizaines de blessés. Al Jazeera a, dans un commentaire, noté que «bien que ces affrontements soient concentrés dans le centre et le sud de la bande de Ghaza, les bombardements israéliens ciblent toujours les habitants du nord, confrontés à la faim et au froid au milieu des décombres de leurs maisons». Lors d'une conférence de presse, devant le complexe médical Al-Shifa, dans le nord de Ghaza, un responsable au ministère de la Santé a déclaré qu'il «ne reste plus que 6 ambulances en service» dans la bande en raison des bombardements de l'aviation et de l'artillerie sionistes ciblant les équipes de secours. «L'occupation continue de cibler le personnel de santé en bombardant et en procédant à des arrestations, ce qui a entraîné la mort de dizaines de personnes». Evoquant la situation au Sud, où s'entassent des centaines de milliers de déplacés provenant du nord Ghaza, l'intervenant a rappelé que «les infrastructures et les services de santé à Rafah sont fragiles et ne peuvent répondre aux besoins de 1,3 million de personnes déplacées». «Nous avons encore du mal à faire fonctionner certains services essentiels, notamment les unités de soins intensifs et les services pour nouveau-nés. Nous mettons en garde contre la propagation des épidémies parmi les déplacés et la population, notamment les enfants et les personnes âgées. Nous appelons la communauté internationale et les institutions des droits de l'homme à contribuer au rétablissement du système de santé dans la bande de Ghaza, et à insister auprès de l'occupation pour libérer nos équipes médicales et paramédicales», a-t-il ajouté. Le même responsable a appelé les institutions de la communauté internationale «à apporter des appareils, équipements, médicaments et fournitures médicales, et à autoriser l'entrée du personnel médical extérieur à la bande de Ghaza pour apporter son aide». Il a également réitéré la demande de transférer des patients «pour se faire soigner en raison du manque de ressources pour leur fournir un traitement». De son côté, le Bureau des médias du gouvernement à Ghaza a déclaré que «l'occupation force les Palestiniens à fuir vers Rafah, au sud de la bande de Ghaza, prétendant qu'ils y seront en sécurité, puis les bombarde et commet contre eux d'horribles massacres». Bombardements et coupure totale des communications Au 99e jour de l'agression, les bombardements sionistes ont fait plusieurs martyrs et des dizaines de blessés. Dans la ville de Ghaza, un bombardement israélien qui a visé la maison de la famille Qassim dans la rue Al-Nafaq, a fait 4 martyrs et environ 20 personnes portées disparues, selon le correspondant d'Al Jazeera. Toujours dans la ville de Ghaza, la protection civile a rapporté que «les corps de 20 martyrs ont été retrouvés à la suite d'un bombardement israélien qui a visé une maison du quartier d'Al-Daraj, samedi à l'aube». Les bombardements israéliens ont également visé le sud et le centre de la bande de Ghaza, depuis l'aube, notamment sur le centre de la ville de Khan Younes, où se déroulaient hier de violents combats entre la résistance palestinienne et les forces d'occupation qui tentaient de pénétrer dans la zone. Des bombardements d'artillerie ont été également signalés à proximité des camps de Nuseirat, Al-Bureij et Al-Maghazi, dans le centre de la bande de Ghaza. Un correspondant d'Al Jazeera a également rapporté hier qu'un bombardement israélien visant une voiture sur la route ouest de Rafah, au sud de la bande, a fait des martyrs et des blessés. Des médias palestiniens, cités par Al Jazeera, ont également rapporté des tirs d'artillerie de l'armée d'occupation à proximité de l'hôpital des Martyrs d'Al-Aqsa, à Deir Al-Balah dans le centre de la bande de Ghaza. L'aviation de l'occupation a ciblé des bâtiments résidentiels dans la zone adjacente à l'hôpital, alors que les soldats de l'armée israélienne n'étaient qu'à des centaines de mètres de l'hôpital, selon des témoins oculaires cités par Al Jazeera. Les médecins de l'hôpital Al-Aqsa ont averti que les opérations militaires sionistes menacent la vie des prématurés. Au nord de Ghaza, 3 martyrs et des blessés ont été recensés suite à un bombardement sur la ville de Beit Lahia, où des affrontements avec des mitrailleuses lourdes ont eu lieu. Ces informations restent partielles compte tenu de la coupure totale des communications, depuis vendredi après-midi, faisant que les informations arrivent difficilement aux secouristes, qui disposent de moyens d'intervention dérisoires, et aux journalistes. L'agence de presse palestinienne (Wafa) a rapporté que l'interruption complète des communications et des services Internet dans la bande de Ghaza s'est poursuivie samedi pour la deuxième journée, notant que l'ampleur des destructions dans le secteur des communications à Ghaza a atteint plus de 80%, en plus de l'exposition des équipes techniques chargées de réparer les dégâts au ciblage direct pendant l'exécution de leur travail, et ce, malgré une coordination préalable avec l'occupation, via les institutions internationales. Israël empêche l'aide d'entrer au nord de Ghaza Les Nations unies ont confirmé, dans le dernier rapport sur la situation à Ghaza, publié par le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA-UN), que seuls «21% de tous les approvisionnements prévus en nourriture, en eau et en médicaments parviennent aux habitants du nord de la bande de Ghaza», en raison de l'interdiction imposée par Israël. Le rapport de l'ONU souligne que l'entité sioniste a imposé des restrictions strictes aux missions d'aide humanitaire dans le nord de Ghaza depuis le début de la nouvelle année, par rapport à décembre dernier. L'Organisation internationale explique dans le rapport que chaque jour perdu dans l'assistance humanitaire entraîne la perte de vies et les souffrances de centaines de milliers de personnes qui restent dans le nord de Ghaza. Ces déclarations interviennent au moment où l'entité d'occupation a nié, devant les juges de la CIJ, avoir empêché l'entrée de l'aide ou l'avoir contrôlée. De son côté, Martin Griffiths, le patron de l'OCHA a décrit, devant les membres du Conseil de sécurité, une «situation horrible» à Ghaza. Dans un discours devant le Conseil de sécurité de l'ONU, Martin Griffiths a déclaré : « À mesure que les opérations terrestres se déplacent vers le Sud, les bombardements aériens se sont intensifiés dans les zones où il était demandé aux civils de se réinstaller ». Il a également souligné que les installations de l'ONU abritant les Palestiniens déplacés ont été la cible d'«attaques incessantes». Griffiths a ajouté qu'il est difficile d'imaginer que les Palestiniens «pourraient retourner» dans le nord de Ghaza qui a été dévasté par les bombardements israéliens. «La guerre israélienne contre Ghaza a été lancée sans aucune considération de son impact sur les civils. La situation reste horrible alors que les opérations militaires israéliennes se poursuivent sans relâche. L'effondrement du système de santé et le risque de famine augmentent de jour en jour. Israël intensifie ses bombardements aériens dans les zones où il a demandé aux civils de s'y déplacer», a déclaré le chef des affaires humanitaires de l'ONU. M. Griffiths s'est dit troublé par les déclarations des ministres israéliens concernant l'encouragement au déplacement des citoyens de Ghaza vers d'autres pays. «Ces déclarations suscitent de sérieuses inquiétudes quant à la possibilité d'un transfert forcé massif depuis la bande de Ghaza», a-t-il dit, ajoutant que «toute tentative visant à modifier la démographie de Ghaza doit être fermement rejetée».