Depuis le début de la militarisation de la crise en Syrie, les observateurs israéliens étaient partagés entre le désarroi et le soulagement. Désarroi devant les tactiques de l'armée syrienne, notamment celle relative à la guérilla urbaine; soulagement devant l'attrition et l'usure d'une force qui se préparait depuis des années à une guerre avec Israël. De fait, plus la crise syrienne perdure et plus les unités de l'armée syrienne sont usées par l'overstretching, l'épuisement et les désertions. En dépit de son matériel relativement obsolète-mis à part des systèmes de défense aérienne et de lutte anti-navires-, l'armée syrienne a non seulement fait preuve d'une bonne coordination dans sa lutte contre la subversion mais également de nouvelles tactiques de combat probablement inspirés du Hezbollah libanais mais également des tactiques utilisées par les Marines américains en Irak de 2003 à 2009. Mais ce qui paraît comme de plus en plus évident est que les forces armées syriennes avaient une doctrine militaire prévoyant une guerre sur au moins deux front. Le premier front est celui de l'axe s'étendant du Golan à Bekaa (Anti-Liban) tandis que le second est la conséquence naturelle de l'invasion et l'occupation de l'Irak de 2003 à décembre 2012. La Syrie qui demeure techniquement en guerre avec Israël redoutait au plus haut point une prise de revers par les forces US à partir d'Irak et de Jordanie. Ce qui a failli arriver au lendemain de la chute de Baghdad. Ce que les stratèges syriens n'ont pas vu venir est le double jeu de la Turquie avec laquelle ils avaient essayé une politique de rapprochement et de bon voisinage afin d'éviter un encerclement total. La suite est connue: les turcs furent l'appât de l'OTAN. Les analystes militaires israéliens ne cachent pas que la disparition du régime actuel syrien serait de nature à améliorer la situation stratégique d'Israël. Or celle-ci est très mauvaise. Probablement la plus mauvaise depuis la création de l'Etat d'Israël en 1948. L'embrasement du Sinaï, la situation au Liban, la crise syrienne, la question kurde, la position ambigüe de l'Irak, la grande question nucléaire iranienne et le front interne sont autant de sujets mettant à mal la sécurité israélienne. D'où les efforts inouïs du Mossad en Syrie via la Turquie mais également en Iran avec les Etats-Unis.