Difficile de croire de quel courage jouissent les familles qui occupent le premier et unique étage au-dessus des commerces de meubles à Beymouth, pour trouver le sommeil dans ces logis délabrés au plus haut degré imaginable. Le cas le plus préoccupant demeure incontestablement celui de la vieille Rabhiya. Une vieille dame de 93 ans qui occupe, seule, deux minuscules pièces de la taille d'un kiosque, et qui y vit grâce à l'assistance d'une voisine de palier. En temps de pluie, la toiture en tuiles est une véritable passoire. Un couscoussier!, nous dira une voisine, venue nous plaider la cause de cette vieille dame qui vit le calvaire, depuis plusieurs semaines voire plusieurs mois, sous la peur permanente de se voir rejoindre le palier d'en bas, sous un tas de décombres. L'accès aux éviers de sa petite cuisine lui est interdit, et pour cause ! Le plancher mouvant s'y est partiellement effondré, créant un trou béant pouvant laisser passer aisément une personne adulte. Un trou ouvert dans le plafond de la voisine d'en bas qui se voit, ainsi l'accès interdit à sa cuisine, de crainte qu'elle ne reçoive le toit sur la tête ! En guise de précaution à ce que personne ne glisse par inadvertance ou par mégarde, le gouffre donnant sur la locataire du rez-de-chaussée est provisoirement protégé par une petite échelle en bois, posée en rempart de fortune. Selon Souad, la voisine assistante de la vieille dame, une employée des services techniques de la commune de son état, le directeur de l'OPGI, qui venait de la recevoir en audience la matinée même de ce mercredi 8 mai, est parfaitement au courant de la situation de cette vieille Rabhiya de Beymouth. Mieux encore, il aurait même précisé que cette dame n'était pas la seule à vivre la situation préoccupante, mais c'est l'ensemble des locataires de la bâtisse qui sont menacés par le risque de l'effondrement. Et en signe de sensibilité à l'égard de la préoccupation légitime, il aurait signifié l'exonération de la vieille dame de l'acquittement de ses redevances locatives envers l'office locateur. Aucune solution n'étant envisageable, hormis la démolition de cette vieille bâtisse datant de la fin du 19è siècle. Le directeur de l'OPGI aurait déclaré avoir fait le nécessaire en saisissant, il y a une vingtaine de jours, le président de l'APC et le chef de daïra par courrier officiel. Voilà où en est la situation, en attendant l'expiration du sursis divin accordé à cette dizaine de familles vivant en instance de mort par ensevelissement à quelques pas derrière le somptueux hôtel de ville de Mostaganem !