Le centre de gravitation de la «mafia du sable» semblerait s'être déplacé ces derniers jours des traditionnels sites d'extraction illicite des plages de Sidi Lakhdar et Hadjadj dans la wilaya de Mostaganem, pour se concentrer sur la nouvelle zone de pillage du sable employé dans la construction, qui se trouve dans la plage de Chaïbia à l'Est du chef-lieu. Ce changement de lieu de pillage intervient quelques jours après des opérations de lutte contre l'extraction illégale du sable, notamment les dernières arrestations de pilleurs effectuées par les gendarmes de la région de Bahara Le phénomène du pillage du sable de mer s'amplifie d'année en année sur le littoral national et plus particulièrement sur les côtes de la wilaya, très prisées pour la qualité de cette matière naturelle issue de l'érosion des roches, et pour preuve illustrative, le bilan de la gendarmerie nationale de l'année 2014 qui fait ressortir pas moins de 18 individus reconnus coupables de vol de sable arrêtés au niveau de différents sites d'extractions connus par les services de sécurité et 18 camions de marque ‘‘Hino ‘' saisis. L'origine de ce délit est à trouver dans la forte pression des constructions immobilières à caractère privé des grands centres urbanistiques et même des régions rurales avec le développement de la démographie et l'impérieuse nécessité de se loger. Traqués par les gendarmes dans des course-poursuites hollywoodiennes en plein cœur des pistes sablonneuses de ces sites d'extraction, les pilleurs de sable ne reculent devant rien pour arriver à leur but ; celui de prendre le maximum de quantité et disparaître dans la nature...sans laisser de traces ! Pour cela, ce phénomène du pillage se déroule généralement la nuit où un grand nombre de pilleurs de sable profitent du manteau des ténèbres pour se rendre presque ‘'invisibles'' et se rendent sur les plages et à l'aide de toutes sortes de matériels, ils extraient de grandes quantités de sable qu'ils vendraient au plus offrant. Une course contre la montre s'engage dès lors, afin d'échapper à la vigilance des gendarmes et éviter ainsi de se retrouver nez-à-nez sous leurs feux ! Tout ce qui intéresse ces pilleurs hors-la-loi, c'est la quantité de sable prise. Et les dégâts sur l'environnement côtier sont parfois irréversibles. En l'absence des dunes de sables, mangées par les pelles des braconniers du sable, c'est l'eau de mer, en effet, qui avancera à grande vitesse, mettant en danger les constructions en bord de mer ainsi que le patrimoine naturel des côtes. Ces vols nécessitant le recrutement de jeunes sans travail, qui armés de pelles, remplissent les camions de gros tonnage dont la plupart sont dépourvus de plaques d'immatriculation et- ce dans le souci de ne pas être identifiés par la Gendarmerie Nationale. Une fois le camion stationné, ces ouvriers rodés au ‘'métier'' passent à l'action et extraient du sable qu'ils rechargent à bord d'un camion de 10 tonnes environ en l'espace d'une heure, sous la forte lumière des projecteurs. Cette activité juteuse et illicite menée par des prédateurs du patrimoine public, subsiste encore malgré la multiplication des barrages routiers dressés sur les principaux axes routiers de la wilaya par les éléments de la gendarmerie nationale de Mostaganem, ainsi que toute la vigilance qu'ils ne cessent de déployer afin de mettre un terme à cette pratique illicite et frauduleuse, mais qui vaut son pesant d'or. Pourquoi la plage de Chaïbia ? Les différentes opérations de lutte contre le pillage et le commerce illicite du sable des plages de la wilaya de Mostaganem, ont fait inévitablement changer le ‘'modus operandi'' de la mafia du sable ainsi que le site d'extraction, et ce en vue de s'assurer pour un temps encore, une matière première à revendre, et ainsi maintenir les bénéfices tirés de ce commerce illégal. Pour cela, la plage de Chaïbia a été récemment choisie comme nouveau théâtre des « opérations de brigandage » premièrement pour sa bonne situation géographique, proche de la majorité des nouveaux chantiers de construction et l'abondance de la ressource sur place, et facile d'accès. En Algérie, l'intérêt accordé à la protection et à la valorisation du littoral est récent. La loi 02-02 n'a été promulguée qu'en février 2002, mais cela n'empêcherait certainement pas sa protection. Dans l'article 9 de la Loi promulguée le 05 février 2002 et publiée au Journal officiel de la République le 12 février de la même année, il est stipulé qu'il est interdit de porter atteinte à l'état naturel du littoral qui doit être protégé, utilisé et mis en valeur en fonction de sa vocation et « l'occupation et l'utilisation des sols littoraux doivent préserver les espaces terrestres et marins remarquables ou nécessaires au maintien des équilibres naturels. Sont concernés par la présente disposition, les côtes rocheuses d'intérêt écologique, les dunes littorales et les landes, les plages et les lidos, les forêts et les zones boisées littorales, les plans d'eau côtiers et leur proximité, les îlots et les îles et tous autres sites d'intérêt écologique ou de valeur scientifique sur le littoral, tels que les récifs coralliens, les herbiers sous marins et les formes ou formations côtières sous marines. »