Il était une fois un peuple qui vivait sous le joug d'un tyran jusqu'à l'avènement de sa libération après une révolution au-delà de laquelle vint, après moult péripéties, l'ère de la reconstruction et de l'accomplissement de soi. Un espoir qui n'aura duré qu'une vingtaine d'années pour céder le pas à une autre espérance, celle d'une démocratie libératrice qui n'aura, à son tour duré que le temps d'un songe, vite perturbé par une période de tumultes. Le peuple ne faisait alors que consommer de l'espoir. Celui déjà de sortir de la pénombre et regarder enfin vers des horizons promus meilleurs. Grand consommateur de rêves, ce peuple continua de croire à une utopie telle cette légende, celle d'un roi juste, bon et sage. Un libérateur attendu comme un messie. Les gens vivaient dans une paix totale durant son règne. Aucune injustice n'est permise, jusqu'au jour où ce dernier monarque fut déposé et dut connaitre les affres de l'exil. Le nouveau roi fait vite changer les choses. Il exigea plus d'impôts, de dimes et restreint les libertés de ses sujets. Son despotisme, sa méchanceté sont vite ressentis par la population qui finit par abdiquer et se soumettre au diktat du nouveau locataire du palais. Les jours passèrent et avec eux grandissent les malheurs de la population qui connut les spoliations, les humiliations ainsi que les geôles du palais. La cité est dans un tel état de stupeur que le quotidien de ses habitants s'est transformé en un véritable supplice. La pauvreté s'empara de la cité et finit par ronger le peu de ressources qui subsistent. La famine s'installe et les maladies se suivent décimant les familles. Sur la place publique où se regroupent les quelques valeureuses congrégations on ne parle que du bon vieux roi exilé, louant ses exploits et bienfaits. Des bruits leurs parvinrent des contrées voisines où vit leur roi. L'on parle de son retour comme de celui du messie. Les nouvelles si rares se font le centre d'intérêt de toutes les discussions. L'on parle d'un retour imminent. Les plus folles rumeurs font état d'une armée qui serait levée par leur monarque pour reprendre son trône. Ce fol espoir anime leurs froides soirées et comble les mornes journées emplies de disette. Les nouvelles se moutonnent et le fameux retour se fait de plus en plus persistant. Les jours passèrent, les mois leurs succédèrent et rien ne fit. Un beau jour, ce qui n'était que rumeurs et mythes se transforma en réalité. La nouvelle du retour du roi chassé à la tête d'une importante armée se confirma. Le bruit des sabots et des sabres se fit entendre de plus en plus proche. Au sein du palais, le roi imposteur est dans tous ses états. Les conciles se suivent se tenant jusque tard. La répression et les exactions se font ressentir chaque jour un peu plus. Le doute s'installa, on chasse tout fidèle à l'ancien roi. Dans ce gigantesque brouhaha, tout montre que ce sont les prémices d'une guerre. Un conflit qui finit par éclater destituant l'usurpateur et rendant sa couronne au bon roi tant attendu. La victoire est fêtée dans la liesse par toute la population qui jubile le retour du monarque aimé. Les choses commencent à rentrer dans l'ordre et les injustices commises par le putschiste sont vite réparées. La liberté est vite redonnée aux habitants emprisonnés à tort, leurs biens confisqués leur furent rendus. Mais, un jour, le roi sorti de son palais pour se promener dans la cité et s'enquérir de ses ouailles est vite déçu. Ce qu'il constate l'attriste. Les gens sont maussades, sombres et affligés. La foule est envahie par une inexplicable et profonde mélancolie. Le souverain chercha à connaitre les raisons de cet hébétement. Aurait-il manqué à un de ses devoirs ? Aurait-il omis quelque chose ? La réponse le désarçonna. C'est un des fidèles qui, interrogé, lui répondit : «Nous vivions de l'espérance de votre retour. Maintenant que vous êtes là, nous n'avons plus aucun espoir à cultiver et nos journées sont si mornes ! »