L'Algérie a saisi officiellement le secrétaire général de l'Union du Maghreb arabe (UMA) pour l'organisation «dans les délais les plus rapprochés» d'une réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Union. Ceci dit, l'Algérie est prête à dialoguer avec le Maroc, mais selon ses propres conditions. La balle est donc désormais dans le camp marocain. Mohammed VI a voulu piéger l'Algérie en lui tendant une main fourbe, il se retrouve prisonnier de son propre piège. Il voulait dialoguer avec ses «frères algériens», ceux-ci ont répondu que cela devra effectivement se faire dans le cadre de l'ensemble maghrébin. Cette vive réaction de l'Algérie ne s'adresse pas directement au Maroc. «Elle intervient dans le prolongement des conclusions du dernier sommet extraordinaire de l'Union africaine (…) sur les réformes institutionnelles de l'organisation continentale, qui a accordé un intérêt particulier au rôle des communautés économiques régionales dans les processus d'intégration des pays africains», souligne le ministère qui sous-entend, à son tour, que si retard il y a dans l'édification de l'UMA, ce ne peut pas être à cause de l'Algérie, mais bel et bien en raison de l'attitude hostile du Makhzen. D'où la nécessité, note Alger, de «relancer des réunions du Conseil des ministres» qui sont «de nature à introduire un effet catalyseur susceptible de redynamiser les activités des autres organes de l'Union du Maghreb arabe». La demande pressante de l'Algérie vise clairement à mettre Mohamed VI et le Makhzen devant leurs responsabilités et voilà comment l'Algérie a fait tomber Mohamed VI dans son propre piège. Le département de Messahel a donc exprimé son souhait de tenir au plus vite une réunion du Conseil des ministres de l'UMA, tout en évitant la question du Sahara Occidental, à deux semaines d'un rendez-vous de l'ONU sur le sujet à Genève, auquel le Maroc et le Front Polisario sont invités en tant qu'acteurs, quand la Mauritanie et l'Algérie s'assiéront autour de la table comme observateurs.