Ceux qui, actuellement, dirigent le FLN se sont approprié celui-ci suite à des «redressements». Ils risquent, aujourd'hui, d'être eux également (chacun son tour) redressés. Une nouvelle vague de redresseurs est sur la voie pour parvenir à «redresser» ce parti. Il n'y a aucune raison pour que les anciens redresseurs ne soient pas redressés à leur tour. Qui a redressé sera à son tour redressé. C'est de cette manière que se succèdent les équipes d'hommes à la barre du FLN. Alors, quand bien même ceux qui dirigent le FLN et qui se l'approprient, même s'ils ne l'ont pas créé, et qui soutiennent qu'il sera toujours le parti majoritaire, oublient comment ils l'ont redressé, n'oublieront pas le moment où ils seront redressés. On ne peut pas rester éternellement à la barre d'un parti qu'on n'a pas créé. Ne pourrions-nous pas tenter d'imaginer ce que deviendra ce parti quand la classe politique qui a fait l'histoire atteindra ses limites biologiques naturelles ? A l'extinction de la classe des hommes qui ont participé à la «révolution», il se posera la question de son existence en tant que parti. Il sera très difficile ensuite que les dirigeants de celui-ci puissent entrer dans le champ politique pour dire que le FLN qui est partisan est celui qui a délivré le pays. Le problème se pose aussi bien pour les partis islamistes que pour le FLN. Voter contre un parti islamiste va introduire des troubles dans les consciences. Voter contre un parti islamiste, serait-ce voter contre l'Islam ? Voter contre le FLN, serait-ce voter contre novembre 54 ? Que d'équipes qui se sont succédé au pouvoir avaient juré qu'elles engageaient la politique et les options sur la voie de leur irréversibilité ! La sagesse nous a toujours enseigné qu'«il ne faudrait jurer de rien». La preuve ? Nous sommes bien revenus sur la disposition de l'ancienne constitution qui déclarait irréversible «la révolution socialiste» et affirmait l'interdiction de cette révision. N'est-ce pas que la voie de la «révolution fondamentale du socialisme» devait, d'après cette constitution, être éternelle ? N'est-ce pas également que c'est le même peuple que celui d'aujourd'hui qui avait plébiscité la limitation du nombre de mandats au nom de la démocratie et de l'alternance et que ce sont «ses» représentants qui ont voté contre cette limitation au nom de la démocratie et de l'alternance. Idem pour la loi sur les hydrocarbures. De tels amalgames vont certainement interroger et même déranger les consciences car il ne faudrait pas investir dans des clivages susceptibles de fermenter les virus de profondes divisions. Si tous les partis qui se présentent sur la scène appartiennent à leurs membres fondateurs, le FLN oscille de façon bi-régionale et l'alternance se fait donc de façon bi-régionale. Quand les premiers seront partis, de quelle argumentation disposeront les autres pour se revendiquer de l'héritage de l'histoire ? Cette question se posera de toute façon quand le moment sera venu.