Washington, Moscou et les acteurs régionaux de la crise syrienne ont décidé, lors d'une réunion en Suisse, de "prolonger les contacts" dans le cadre d'une tentative pour renouer le dialogue sur ce dossier alors qu'une nouvelle rencontre internationale sur la Syrie est prévue ce dimanche à Londres. La rencontre samedi de Lausanne à laquelle les Européens n'étaient pas conviés, a regroupé Moscou, Washington, le Qatar, la Turquie, l'Arabie Saoudite, l'Iran, l'Egypte, l'Irak et la Jordanie, ainsi que l'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura et visait à trouver un moyen de relancer le processus politique en Syrie à même de mettre un terme à plus de cinq ans de crise. Au cours des négociations, les participants se sont mis d'accord "qu'il faut prolonger les contacts au cours des prochains jours" et qu'il faut "au plus vite commencer le processus politique", selon le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Côté américain, le secrétaire d'Etat John Kerry a déclaré que les discussions à Lausanne avaient produit "de nouvelles idées", qu'il s'agit de préciser dans les prochains jours pour tenter d'aboutir à un nouveau cessez-le-feu plus solide que les précédents. "Je ne peux pas détailler ces idées" pour le moment, a-t-il ajouté. Moscou et Washington avaient conclu le 9 septembre dernier un accord de cessez-le-feu en Syrie mais celui-ci n'a pas tenu en raison des violations sur le terrain. La Russie et les Etats-Unis s'étaient mutuellement rejeté la responsabilité de l'échec. Depuis son déclenchement en mars 2011, le conflit en Syrie a provoqué la mort de plus de 300.000 personnes et dévasté le pays. Plus de 13,5 millions de Syriens, dont six millions d'enfants, ont besoin d'aide humanitaire, d'après les chiffres de l'ONU. Poursuite à Londres des tractations internationales Après la rencontre de Lausanne, M. Kerry est attendu dimanche à Londres pour tenter de poursuivre les efforts pour mettre fin à la crise en Syrie. La capitale britannique abritera ainsi une réunion ministérielle des pays "affinitaires", c'est à dire uniquement les soutiens de la rébellion syrienne, notamment les Européens. Parmi les participants à cette réunion figurent le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson et son homologue français Jean-Marc Ayrault, a-t-on indiqué. Ces nouvelles réunions internationales sur la Syrie interviennent dans un climat très tendu entre Moscou et les Occidentaux sur fond d'accusations de "crimes de guerre" à Alep, ville du nord de la Syrie en proie à des bombardements aériens menés par les forces gouvernementales syriennes soutenues par l'aviation russe. Rejetant les accusations portées notamment par Washington à l'encontre de Moscou, le président russe Vladimir Poutine, a rétorqué: "C'est de la rhétorique politique" imputant à son tour la responsabilité de l'aggravation de la crise syrienne aux Occidentaux, Etats-Unis en tête. La semaine passée, le climat diplomatique s'était encore alourdi avec un veto russe à une résolution française au Conseil de sécurité de l'ONU. Ce texte avait pour but de "pousser la Russie à opposer son veto", a accusé Vladimir Poutine. "Et pour quoi faire? Pour envenimer la situation et attiser l'hystérie antirusse", a-t-il ajouté. L'offensive contre les rebelles à Alep entre dans sa 3e semaine Sur le terrain, l'offensive militaire d'envergure lancée le 22 septembre à Alep par les forces du gouvernement syrien avec l'appui aérien de Moscou, se poursuit pour chasser les groupes armés (opposition armée et terroristes) de cette deuxième ville et ancienne capitale économique du pays déclarée par l'ONU "zone assiégée". Le 6 octobre, l'émissaire onusien pour la Syrie avait proposé d'accompagner les terroristes du Front Fatah al-Sham (plus connu sous son ancien nom Front al-Nosra) s'ils décidaient de quitter Alep avec leurs armes dans la ville d'Idleb ou ailleurs, Moscou a soutenu cette proposition. Par ailleurs, la Russie a indiqué avoir ratifié un accord avec le gouvernement syrien qui rend permanente la base aérienne de Hmeymim dans l'ouest du pays. Cette base est utilisée depuis un peu plus d'un an par l'aviation russe pour bombarder les rebelles qui combattent le gouvernement syrien. Dans la partie rebelle où vivent 250.000 habitants, plus de 370 personnes ont été tuées depuis le début de l'offensive militaire sur Alep, selon des estimations données par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).