Les prix du pétrole ont fait la une des médias durant 2004. Accumulant les hausses durant les neuf premiers mois de l'année, le baril a finalement battu des records aussi bien sur le Nymex à New York que sur l'IPE à Londres à la fin du mois d'octobre. La multitude de facteurs haussiers à l'approche de l'hiver a propulsé le brut à 55,67 dollars à New York et à 51,94 dollars à Londres. De l'avis de la majorité des experts, le facteur qui a le plus influé sur les cours du pétrole durant l'année 2004 a été sans conteste la demande explosive en provenance de la chine. La reprise aux Etats-Unis ainsi que la hausse de la demande en Asie d'une manière générale ont fait le reste. Au mois de juillet 2004, le monde de l'industrie pétrolière découvre que le rapport offre-demande est très serré et que ni les pays membres de l'OPEP ni ceux producteurs non OPEP ne disposent de capacités additionnelles pour réguler le marché. Les spéculateurs qui étaient déjà bien installés dans le marché renforcent leur position et provoquent les hausses constatées. La baisse des taux d'intérêts aux Etats-Unis a favorisé grandement l'orientation des fonds d'investissement vers le marché de l'or noir. La situation géopolitique marquée par une grande instabilité en Irak où le sabotage des installations pétrolières devient régulier, l'épisode du référendum au Venezuela, les grèves en Norvège et au Nigeria ont installé une grande tension sur le marché. Même la météo s'est mise de la partie. Le passage du cyclone Ivan dans le golfe du Mexique durant le mois de septembre a amputé la production de cette province pétrolière de plus de 500 000 b/j sur les 1,7 mb qu'elle procurait. Le marché a été aussi secoué par les déboires de Youkos, la compagnie pétrolière russe, sommée de payer des dettes fiscales énormes. Les risques de faillite de la compagnie ont renforcé la tension sur le marché et les craintes d'un arrêt de l'approvisionnement. Si auparavant le marché pétrolier était perturbé par la spéculation et les tensions géopolitiques avec l'incapacité pour l'Irak de retrouver le niveau de production qu'il avait avant son invasion, l'accroissement de la demande en Asie et aux Etats-Unis en 2004 a créé une grande tension qui fait même entrevoir les risques d'une rupture de l'approvisionnement. Cette situation a amené l'agence internationale de l'énergie à lancer un appel à un plus grand investissement pour l'exploration. Mais ce qu'il faut retenir, c'est le fait qu'une large opinion reconnaît que la crise de l'offre est due au prix faible auquel le baril du pétrole s'est vendu durant la décennie 1990.