Treize conserveries privées et étatiques sont toujours à l'arrêt à l'est du pays. C'est un sérieux problème qui perdure depuis la décennie écoulée. Cette situation est imputable à « une brutale perte de change » qui a entraîné un important préjudice sur le capital investissement injecté par les opérateurs dans les années 1990. C'est ce que nous explique Zaim Mohamed Mencef, porte-voix du collectif des conserveurs de l'est du pays. Ces derniers se plaignent d'avoir subi les conséquences du taux appliqué sur le crédit d'exploitation, fixé à 23% et 24%. La santé financière de ces conserveries en a grandement souffert. A cela s'ajoutent les 10% de marge de bénéfices imposée à ces industriels. « Les instances concernées n'ont même pas bougé le petit doigt pour y remédier, au moment où l'on chante à chaque coin de rue la relance de l'agriculture », s'indigne notre interlocuteur, contacté, hier, par nos soins. Ce porte-parole des conserveurs de l'Est fera savoir que la commission mixte, regroupant des représentants du ministère de la PME et celui des finances, instituée aux fins de trouver une solution à ce problème, n'a jamais siégé depuis sa création. M. Zaim Mohamed Mencef indiquera que les 13 conserveries fermées ont nécessité chacune un investissement d'environ 200 milliards de centimes et peuvent employer quelque 300 travailleurs directs et constituer des débouchés pour la production de 5000 agriculteurs. Seules deux conserveries sont actuellement opérationnelles dans la région. Des milliers d'agriculteurs s'en trouvent pénalisés et plusieurs emplois perdus depuis la fermeture, l'une après l'autre, de ces treize industries qui étaient pourtant capables de relever le défi de l'exportation. Plusieurs tonnes de produits agricoles, sensibles aux fortes températures, à l'instar de la tomate, auraient pu être transformées. Les conserveries qui sont à l'arrêt ont, chacune, une capacité de production de 750 tonnes de produits frais transformés quotidiennement. « Nous avons actuellement un surplus de produits. Nous demandons le soutien de l'Etat pour relancer la machine », nous déclare M. Zaim. Selon ce dernier, les conserveurs se sont retrouvés du jour au lendemain « victimes de crédits accumulés au fil des années ». La situation perdure depuis plusieurs années en dépit de nombreuses réclamations émises par les conserveurs. Ces derniers espèrent voir leurs doléances prises en charge de façon effective par le gouvernement Ouyahia. Ils demandent l'effacement des dettes accumulées durant les années 90. Ces arriérés sont dus essentiellement, selon notre source, à la perte de change pendant la même décennie, et ce jusqu'à l'année 2000. Ce principe d'effacement des dettes a été appliqué, faut-il le rappeler, aux entreprises publiques, et ce dans le cadre de la politique de mise à niveau des entreprises. Les conserveurs demandent également la révision à la baisse du taux d'intérêt sur le crédit d'exploitation. Le dossier des 13 industries demeure toujours sans solution, dans le tiroir du gouvernement.