La création par le ministre de la Communication d'une charte pour la presse est perçue par le président du Conseil supérieur de l'éthique et de la déontologie (CSED), Zoubir Souissi, comme une « ingérence » dans la profession. Cela était une réponse à la question relative aux prérogatives du ministre de soumettre à l'APN une charte de l'éthique et de la déontologie de la presse. « Les journalistes sont en mesure de prendre en main les destinées de la profession », a estimé hier M. Souissi, lors d'une conférence de presse tenue à Alger. « Par leur logique répressive, ils (les pouvoirs publics, ndlr) ne peuvent répondre que de manière répressive », a-t-il appuyé. Zoubir Souissi a, par ailleurs, répondu aux critiques de Boudjemaâ Haïchour sur « la faillite » du conseil. « Le conseil ne peut pas s'autosaisir », a-t-il soutenu. Le ministre avait estimé qu'« il faut faire plus de saisies pour prévenir les journalistes (...). Le Conseil de l'éthique et de la déontologie a un rôle à jouer afin de limiter les dérives des journalistes ». M. Souissi, lui, fait encore savoir que « le conseil n'applique que sa charte et on ne peut agir que sur plainte (...). Le conseil n'a pas les prérogatives de discipline ». M. Souissi s'est montré désolé du fait que ces critiques proviennent de personnes étrangères à la corporation. « J'aurais aimé que de telles critiques nous proviennent des journalistes ayant élu le conseil. » Se demandant pourquoi il n'y a que les journalistes qui doivent s'en tenir à la déontologie. « Nos gouvernants doivent aussi se conformer aux règles de la déontologie », s'est-il plaint. Par ailleurs, M. Souissi a fait état d'un traitement d'une trentaine de plaintes depuis quatre années. Il a estimé que quand une affaire est au niveau de la justice, le conseil n'a pas le droit d'interférer. Il a regretté le fait que « certains médias ne jouent pas le jeu ». Selon lui, « certains journaux ne publient pas les recommandations du conseil ». Parlant du fonctionnement du conseil depuis sa création, M. Souissi a avoué qu'« on a mis la charrue avant les bœufs ». Et d'ajouter : « On a créé l'entité sans aucun moyen, ni financier ni autre. » Il a fallu, selon lui, l'aide de cinq privés pour régler les moyens financiers du conseil. Il a estimé que les fonds d'aide à la presse doivent aller directement à sa structure. Le conseil a enfin décidé de retenir la dernière semaine de septembre prochain pour la tenue de l'assemblée générale des journalistes qui doivent élire un nouveau conseil. Un rapport moral et financier sera soumis par l'actuelle instance dirigeante à cette assemblée. A noter que l'actuel conseil a été élu pour un mandat unique au mois de mai de l'année 2000. Il est prévu à cette occasion la révision des prérogatives du conseil et de faire des propositions à cet effet.