Le président du Conseil supérieur de l'éthique et de la déontologie n'a ménagé ni la chèvre ni le chou. Le président du conseil supérieur de l'éthique et de la déontologie, M.Zoubir Souissi, a rencontré, hier, au siège de la Maison de la presse Tahar-Djaout, la famille de la presse. D'emblée, Zoubir Souissi a tenu à remettre les pendules à l'heure. Aux affirmations du ministre de la Communication, M.Boudjemaâ Haichour, qui précisait que «si le Conseil avait joué pleinement son rôle, aucun journaliste ne serait aujourd'hui en prison», le président du Conseil a répondu que «le rôle du Conseil est d'appliquer uniquement dans son intégralité la charte adoptée en mai 2000». Laquelle stipule que «le Conseil ne peut s'auto-saisir et qu'il n'agit que lorsqu'il y a dépôt de plainte à son niveau». Cela avant d'affirmer : «Dès que la justice est saisie, le Conseil ne peut plus intervenir», esquivant ainsi la question relative à l'internement de Mohamed Benchicou et de Hafnaoui Ghoul. Zoubir Souissi ne manquera pas, par ailleurs, de retourner la critique au ministre en déclarant : «Pourquoi il n'y a que les journalistes qui sont obligés de respecter l'éthique?» Pour le président du Conseil d'éthique et de déontologie, «si ceux qui nous gouvernent respectaient en ce qui les concerne une certaine éthique, on n'en serait jamais arrivé à ce point de discorde». Cela dit, Souissi n'a pas été tendre non plus avec la corporation. Il n'a, pour ainsi dire, ménagé ni la chèvre ni le chou. «Ceux qui se battaient hier contre la censure sont devenus aujourd'hui les premiers censeurs» a-t-il déclaré pour dénoncer l'attitude parfois anti-déontologique de certains éditeurs. Pour étayer ses propos, il a rappelé l'affaire ayant opposé le quotidien Le Matin à l'Entv. Le Conseil qui a été saisi dans ce litige avait donné raison au journal qui «s'est empressé de publier les conclusions du Conseil». Mais ce même quotidien a tout simplement «omis de le faire lorsque le verdict était en sa défaveur». Cet exemple concret a été pris comme référence par l'orateur pour souligner que beaucoup d'éditeurs «ne respectent pas le droit de réponse, pourtant consacré par la loi». D'ailleurs, il a appelé à la tenue des états généraux de la presse. Un cadre où seront discutés et débattus les dépassements des journalistes. Répondant à une question sur l'attitude du conseil en cas d'élaboration d'une charte d'éthique par les pouvoirs publics, Souissi affirmera que «le Conseil a toujours refusé une ingérence des autorités dans l'élaboration de la charte. Le pouvoir ne peut élaborer qu'une charte répressive.» Quant à la question du professionnalisme, il a estimé nécessaire «la promotion de l'activité journalistique et la consécration du professionnalisme à travers la formation de journalistes et plus de considération à l'égard des correspondants nationaux pour éviter les fautes professionnelles». Au sujet du Conseil lui-même, l'orateur a affirmé que l'assemblée générale aura lieu le dernier jeudi de septembre où il sera procédé à l'examen du rapport moral et financier ainsi qu'à l'élection d'un nouveau bureau. Pour rappel, le Conseil supérieur de l'éthique et de la déontologie, composé de 11 membres, a été créé en avril 2002 pour un mandat non renouvelable.