Cette revue intéressante à plus d'un titre se veut ouverte sur le monde extérieur. En effet, les responsables de cette revue, à savoir Teric Boucebci et Abderrahmane Djelfaoui de la fondation Mahfoud Boucebci, ont voulu donner la parole et une résonance poétique à des aèdes des deux rives. Façon singulière de découvrir et d'apprécier la portée de l'ensemble des textes poétiques signés par des auteurs algériens et étrangers. En effet, ce 4e numéro se caractérise par une halte rafraîchissante entre Alger et Marseille, où 12 poètes des deux pays révèlent leurs strophes. A travers leur contribution, ces ciseleurs du verbe « tentent de reprendre le chant interrompu, de renouer le fil dévidé par la parole », écrit Jean-Max Tixier. Pour chacun des poètes mentionnés dans cet ouvrage, on retrouve une présentation accompagnée d'une photo du poète en noir et blanc et une sélection de quelques poèmes. Dans les toutes premières pages, le directeur de la publication, Abderrahmane Djelfaoui, note dans un texte en guise d'introduction intitulé « Envoi » que : « Les poètes travaillent sur les signes et les mots, les lignes et les couleurs, l'air et le son, le bois ou le verre, l'argile, la pierre ou la cendre... On peut les comparer à des plongeurs en apnée tant ils sont le point aveugle de la une des actualités faites de cynisme, de rodomontades, d'innombrables relations de passe-droits, d'injustices, de bêtises aussi racées les unes que les autres et de sang d'innocents continuellement versé... » L'ouvrage de 191 pages s'ouvre sur deux hommages rendus à deux figures de proue de la culture algérienne et française, à savoir Himoud Brahimi et Jean Malrieu. Pour le regretté Himoud Brahimi, dit Momo, qui s'est éteint en 1979 à l'âge de 79 ans, on devient poète comme les nageurs du grand large, brasse après brasse. Considéré comme le chantre de La Casbah, Momo se plaisait à magnifier la Médina d'Alger et ce, jusqu'au délire. Jean Malrieu a été mobilisé à Mantauban, en 1939, avant d'entreprendre des études de droit. Après la guerre, il exerce divers métiers avant de devenir instituteur. Il noue des relations amicales avec les surréalistes et rencontre André Breton lors de la publication de son recueil Préface à l'amour en 1953. Il a collaboré à plusieurs publications du mouvement surréaliste. Militant communiste, il prend ses distances avec le PCF en 1956 après l'intervention soviétique en Hongrie. Il fonda les revues Action Poétique (1950-1956, avec Gérald Neveu) puis Sud (1970), qui devait poursuivre l'action des Cahiers du Sud. Notons que le directeur de la rédaction, Abderrahmane Djelfaoui, nous a révélé, en aparté, que ce travail de collaboration avec les auteurs est enrichissant. « Nous essayons de faire en sorte que cette revue soit de haut niveau. Il s'agit là d'un ouvrage d'ouverture qui nous permet de découvrir des amis », déclare-t-il Pour les potentiels intéressés, la revue est disponible depuis le mois dernier au niveau de 35 librairies à travers le territoire.