La synthèse du projet de refonte du bac a été présentée avant-hier aux représentants des syndicats du secteur. Le français et l'anglais seraient considérés comme des matières secondaires et les candidats des filières scientifiques et technologiques en seront dispensés. Après nombre de reculs et polémiques, le ministère de l'Education nationale vient de présenter son projet de refonte du baccalauréat. La synthèse de ce projet a été présentée avant-hier aux représentants des syndicats du secteur. La mouture est, encore une fois, loin de faire l'unanimité. Selon un cadre du ministère, membre de la commission chargée du dossier, cette mouture tient compte du travail fait avec «les partenaires sociaux et institutionnels». On peut donc parler d'un «consensus» autour du premier changement à opérer sur cet examen, avant celui qui sera «plus profond» et «qui nécessite au préalable la réforme de l'enseignement secondaire», explique notre source. Le texte aborde prioritairement l'aspect lié à la durée du baccalauréat «trop longue, très coûteuse et trop stressante» pour un résultat ne reflétant pas le niveau réel de l'élève dans la spécialité, selon les critiques dressées par plusieurs experts à l'égard de cet examen. La mouture du ministère, réalisée après plusieurs rounds de discussions et de débats dans le cadre de la commission installée en 2015, préconise un baccalauréat à deux jours et demi et trois jours et demi au lieu de cinq jours. Cette démarche implique la suppression des épreuves représentant des matières qu'il faut considérer comme secondaires. Les candidats au baccalauréat, qui subissent actuellement 12 épreuves, n'auront plus que 7 épreuves dans un proche avenir. Il s'agit, selon le ministère, d'«affirmer l'identité scientifique de chaque profil». Autrement dit, avec la suppression des matières secondaires, il y aura une «centration de la compétence du candidat sur sa spécialité et son orientation à l'université», ajoute la même source. Mais le choix des matières secondaires est loin de faire l'unanimité. Le ministère a opté pour le maintien de l'arabe, le tamazight, les sciences islamiques et l'histoire qui ne seront pas considérées comme des matières secondaires même pour les filières scientifiques et technologiques, contrairement aux langues étrangères qui sont dans la catégorie des matières secondaires pour ces mêmes filières. Le français et l'anglais seront donc considérés comme des matières secondaires et les candidats aux filières scientifiques et technologiques ne composeront pas dans ces matières. Seule l'évaluation continue sera prise en compte pour ces deux matières. Il s'agit donc d'une concession devant le courant des conservateurs qui, faut-il le souligner, ont mené campagne contre la réforme de cet examen préconisant la suppression de toutes les matières secondaires. Cette concession obéit, constatons-le, à des considérations plutôt idéologiques. Le ministère, qui n'a pas pu imposer sa réforme se basant sur des paramètres purement pédagogiques, espère certainement gagner du temps. Après la paix sociale, la paix pédagogique Le projet de la réorganisation du baccalauréat propose la prise en compte de l'évaluation continue dès la 2e année secondaire pour toutes les matières. Les notes obtenues lors des compositions trimestrielles seront transférées à l'Onec via la plateforme numérique mise en place cette année, et ce, dès la validation des résultats par les conseils de classe, pour éviter le phénomène de «surnotation» ou les interventions sur les notes. Les élèves qui se présenteront en candidats libres devront s'inscrire à l'Office national de formation et d'enseignement à distance qui les soumettra à une évaluation continue. Autre nouveauté de la réorganisation préconisée par le ministère, «la capitalisation des crédits» ou «le bénéfice de la note obtenue». Cette mesure permettra à l'élève de conserver la meilleure note obtenue dans une session du baccalauréat pour la session suivante en cas d'échec. L'élève a donc le choix de récupérer les meilleures notes obtenues lors d'une session précédente dans laquelle il a échoué et tirer ainsi bénéfice de ces notes pour la session suivante. Ces mesures représentent «un montage impossible à réaliser», selon Meziane Meriane, coordinateur national du Snapest, qui estime qu'il est impossible d'organiser un baccalauréat en 3 jours et demi en supprimant uniquement le français et l'anglais. «Il est temps d'arrêter l'immixtion du politique dans le pédagogique», a-t-il plaidé, appelant à faire sortir le débat autour du bac de la sphère politique. Boualem Amoura, président du Satef, estime que les mesures préconisées par le ministère «sortent de l'objectif de la réforme du baccalauréat». Des motivations politiciennes à la veille des élections sont à déceler dans ce projet, qui ne veut pas subir les dégâts des grèves ou contestation. «Après la paix sociale, le gouvernement cherche la paix pédagogique et c'est au détriment du pédagogique que cela risque de se faire», déplore M. Amoura.